Mendoza, capitale du vin argentin

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Mendoza, capitale du vin argentin

Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode et aujourd’hui nous partons à la découverte d’un nouveau pays, et non des moindres car il s’agit du 5ème producteur mondial de vin derrière l’Italie, la France, l’Espagne et les Etats-Unis. C’est donc un pays qui compte sur l’échiquier viticole mondial et ce pays c’est l’Argentine. Et bien que nous soyons dans ce que nous appelons le Nouveau Monde, le vin en Argentine a une histoire ancienne. Alors bien sûr, plus récente que celle du Vieux Continent, mais quand même, la viticulture ici remonte à l’arrivée des espagnols et de leurs missionnaires jésuites au XVIème siècle.

Toutefois, nous n’allons pas parler de toute l’Argentine, vous vous en doutez, mais de la plus grande région viticole du pays qui, avec ses un peu plus de 140000 hectares plantés et plus de 70% de la production nationale, est également l’une des plus grandes au monde. Ce vignoble, c’est celui de Mendoza.

Mendoza est une province argentine située au centre ouest du pays, sur le 32ème parallèle Sud, donc assez proche de l’Equateur, dans une région chaude et sèche, qui normalement n’est pas propice pour faire des vins de grande qualité. D’autant que la région se situe au pied de la Cordillères des Andes et de son sommet, l’Aconcagua, qui culmine à 6962 mètres, c’est d’ailleurs le sommet le plus haut d’Amérique, qui protège la zone des pluies venant de l’ouest et de l’Océan Pacifique.

Oui mais voilà, si la Cordillère des Andes semble être un handicap pour le climat local, c’est en fait un énorme avantage et même la condition sine qua non pour faire du bon vin. Et ce, pour 2 raisons.

La 1ère c’est bien sûr l’altitude. Les vignes se situent tout autour de la ville, à plus ou moins grande distance, sur des hauts plateaux à une altitude comprise entre 600 et 1.500 mètres grosso modo, et même jusqu’à 2000 mètres par endroits.

Cette altitude permet de contrebalancer la chaleur et l’aridité du climat, d’autant que les différences de température entre les nuits fraiches et les journées ensoleillées et chaudes sont élevées, ce qui, vous le savez, favorise une maturation lente et optimale des raisins.

La 2ème raison, c’est l’eau, qui provient de la fonte des neiges et qui arrose toute la région, mais qui alimente également 4 grands fleuves puis un vaste réseau de canaux, permettant une irrigation indispensable, qui avant, se faisait surtout par aspersion mais qui aujourd’hui privilégie le goutte-à-goutte.

Mais évidemment, des effets rafraîchissants et de l’eau ne suffisent pas pour faire un vignoble de qualité. Il faut aussi des sols appropriés. Ici, la terre est pauvre, essentiellement sableuse et caillouteuse, bien drainée, ce qui convient parfaitement aux raisins.

A Mendoza, comme souvent dans les pays chauds, la production est plutôt orientée vers les rouges, au 2/3 environ. Et ici, le cépage phare, c’est le Malbec, dont nous avions déjà parlé du côté de Cahors si vous vous souvenez. Il est souvent produit en mono-cépage ou peut être accompagné de Cabernet Sauvignon, de Bonarda, de Merlot, de Tempranillo, de Syrah pour les rouges, il y a quelques poches de Pinot Noir également sur les terroirs les plus frais et pour les vins blancs, du Torrontes, du Chardonnay, du Sauvignon blanc, du Chenin ou encore du Sémillon.

Si le Malbec est omniprésent, en fonction de la proximité avec les Andes, l’encépagement peut varier. Aussi, on distingue 5 grandes régions dans cette province de Mendoza, avec des caractéristiques communes mais aussi des différences.

La 1ère englobe Lujan de Cuyo, au sud-ouest de la ville de Mendoza. C’est la région viticole la plus importante à une altitude comprise entre 900 à 1100 mètres. Ici, le Malbec s’exprime très bien, notamment des vieux Malbecs.

Juste à côté, un peu à l’Est, donc tout de suite au Sud de Mendoza, se trouve Maipú, à une altitude un peu plus basse à mesure qu’on s’écarte des Andes. Dans la partie la plus proche des montagnes, on y trouve de beaux Cabernet-Sauvignon, de la Bonarda, du Tempranillo, et dans la partie la plus éloignée, des Malbecs produits en gros volume.

Au Sud-Ouest de cette première zone se trouve le très beau vignoble de la Vallée d’Uco, à 70 kilomètres de la ville. Les vignes sont à une altitude supérieure, entre 900 et 1500 mètres, ce qui permet d’avoir des vins avec une belle fraîcheur, des

Malbec, des Merlot et du Pinot Noir pour les rouges.

Enfin vous avez le Nord, l’Est et le Sud, qui ont un peu moins d’intérêt donc je ne m’étend pas dessus parce qu’on y fait surtout du volume à une altitude plus basse.

J’en profite pour faire un petit aparté sur la législation argentine. Elle est relativement récente et repose sur trois niveaux :

-Des IP, Indicaciones de Procedencia. Ce sont des vins issus d’une zone de production régionale, comme l’IP Mendoza par exemple. Il y a peu de contraintes si ce n’est que les vins doivent contenir 80% de raisins provenant de la zone de production indiquée.

-Ensuite, IG pour Indicaciones Geograficas. Ce sont des vins issus d’une région bien définie, comme les IP, mais avec un cahier des charges un plus contraignant.

-Et enfin, DOC, Denominacion de Origen Controlada, le niveau de qualité supérieur, crée encoire plus récemment, en 2003. Il en existe deux, Lujan de Cuyo, dont nous venons de parler et San Rafael dans la partie Sud de la Province et qui produit de beaux Chenins.

Sachez qu’il existe aussi 3 catégories de vins rouges :

-Les Basic qui correspondent à une entrée de gamme, avec des forts rendements. —Roble, élevés en fûts, avec plus de concentration, des macérations plus longues,

-Et Reserva, qui représente le haut de gamme.

Dans l’ensemble, les vins produits en gros volume sont fruités, gourmands, faciles et les vins de qualité, tout en ayant de la structure, de la charpente, restent très digestes, très élégants, avec beaucoup de fraîcheur.

L’avantage ici, comme dans la plupart des pays du Nouveau Monde, c’est que la qualité des vins est chaque année constante et il n’y a quasiment pas d’effet millésime, ce qui est quand même un sacré atout.

Les rouges s’accordent bien avec la cuisine locale, le bœuf surtout, sous toutes ses formes que l’on retrouve dans les fameux asador argentins, mais aussi avec le gibier, le canard, l’agneau.

Il y a plusieurs centaines de bodegas dans la province de Mendoza, parmi lesquelles de nombreuses françaises, notamment bordelaises, et il y en a quelques unes que personnellement j’apprécie comme Catena Zapata, Atamisque, Cheval des Andes, le petit frère de Cheval Blanc, Norton, Clos de los Siete, un regroupement de propriétaires bordelais, dont le fameux Michel Rolland, Terrazas de los Andes, qui appartient à LVMH, Trapiche, Trumpeter ou encore Rutini.

On trouve des vins argentins sur internet sans trop de souci si on veut les tester, si vous avez un asador prés de chez vous, c’est aussi une bonne occasion et si vous allez à Mendoza, je vous conseille d’y aller en mars, pour assister à « La fiesta de la vendima de Mendoza » qui clôt la saison des vendanges dans la région. N’oubliez pas que dans l’hémisphère Sud, les saisons sont inversées et que l’automne débute le 21 mars.

Voilà les amis, il était important de parler de l’Argentine, nous y reviendrons dans quelques temps pour continuer notre exploration, parce que c’est un vignoble que nous ne pouvons pas ignorer. Les vins argentins sont une bonne occasion de voir comment se comportent les cépages bordelais à cette latitude et de découvrir également d’autres cépages comme la Bonarda ou le Torrontes, avec modération bien sûr.

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