Hunter Valley et ses vieux Sémillons

hunter-valley

Hunter Valley et ses vieux Sémillons

Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, et aujourd’hui nous repartons faire un tour en Australie pour découvrir une des régions viticoles les plus anciennes du pays. Elle est à 2h au Nord de Sydney, en Nouvelles-Galles-du-Sud, dont Sydney est la capitale et donc sur la côte Est australienne. Cette région, c’est la Hunter Valley, qui tient son nom du fleuve qui la traverse, le fleuve Hunter comme vous l’aurez deviné.

L’indication géographique Hunter Valley Wine Zone couvre à peu près la totalité du bassin de la rivière Hunter. Elle ne contient qu’une seule région viticole nommée Hunter qui comprend la plupart des vignobles importants, eux-mêmes répartis en 3 sous-régions : Broke Fordwich, Pokolbin et Upper Hunter Valley. De façon plus informelle, on a toutefois tendance à distinguer, à l’intérieur de l’appellation Hunter, la Lower Hunter Valley, qui est la plus vaste, avec Broke Fordwich, Pokolbin et la Upper Hunter Valley.

Avec 2600 hectares, ce n’est pas une région viticole très importante en terme de volume puisqu’elle ne représente que 3% de la production des vins australiens, mais au fil du temps elle a su se faire un nom auprés des amateurs de vins dans le monde entier.

Une des particularités de la Hunter Valley, c’est son climat, classé comme étant offciellement méditerranéen, mais qui s’apparente plutôt à un climat subtropical humide. C’est l’une des régions les plus chaudes et les plus humides d’Australie, donc pas vraiment adaptée à la viticulture. Et en plus, ces précipitations, elles arrivent souvent au mauvais moment, juste avant les vendanges et peuvent être assez violentes. Les viticulteurs locaux doivent donc faire face aux menaces de grêle qui peuvent leur ruiner la récolte et de pourriture qui peut sérieusement la compromettre.

Toutefois, tout cela n’a pas que des inconvénients, puisque cette humidité et la couverture nuageuse de l’après-midi réduisent l’impact des températures élevées. Au même titre d’ailleurs que les brises marines venant du Pacifique dont bénéficie la région de Lower Hunter, Upper Hunter étant un peu plus vers l’intérieur du pays.

Comme je l’ai mentionné, il n’en demeure pas moins que la Hunter Valley est une région très ensoleillée, on est autour du 32ème/33ème parallèle Sud. La Upper Hunter Valley est plus chaude, plus éloignée de la mer et l’irrigation au goutte à goutte, facilitée par la rivière Hunter et ses affluents, peut parfois être nécessaire notamment au début de la saison de croissance de la vigne.

Comme dans la plupart des régions viticoles du Nouveau Monde , il n’y a quasiment pas de restrictions reglementaires sur les pratiques viticoles utilisées dans la Hunter Valley. Les producteurs sont libres de planter les cépages qu’ils souhaitent et de faire les expérimentations qu’ils souhaitent.

Malgré les conditions climatiques parfois un peu compliquées, la région est surtout devenue célèbre pour ses vins blancs, notamment issus de Sémillon, qu’on a trouvé dans le passé sous le nom de « Hunter River Riesling », Hock, White Burgundy ou même Chablis. Et il faut dire que ce n’est pas si courant d’avoir une région viticole de premier plan avec comme cépage emblématique le Sémillon.

Alors comment ce cepage, qu’on connaît surtout dans le Bordelais, s’est-il retrouvé à l’autre bout de la planète?

Les vignes apparurent ici au début du 19ème siècle le long de la rivière faisant de la Hunter Valley l’une des zones viticoles les plus anciennes d’Australie. Puis la culture commerciale du raisin se développa, grâce à quelques pionniers, comme c’est souvent le cas dans le Nouveau Monde, et notamment un, qui devint le père de la viticulture australienne, James Busby.

Pourquoi je vous parle de James Busby, tout simplement parce qu’il entreprit en 1832 un voyage de quatre mois dans les régions viticoles françaises et espagnoles d’où il rapporta dit-on plus de 20 000 boutures de vignes qu’il distribua à des vignerons locaux. Et parmi ces plants de vigne, il y avait notre fameux Sémillon.

Le Sémillon de la Hunter Valley a un profil différent de celui qu’on retrouve à Bordeaux, façonné par les particularités climatiques dont nous avons parlées. Il possède ici une acidité plus élevée, peu d’alcool, entre 10 et 11 degrés, est assez austère dans sa jeunesse, voire presque neutre malgré des arômes dominants d’agrumes. Mais il a surtout une capacité au vieillissement exceptionnelle. Il s’enrichit au fil du temps, prend du gras, et acquiert de jolies notes miellées voire même grillées bien que la plupart des vins ne fasse aucun séjour en fût de chêne.

Si le Sémillon est bel et bien le cépage emblématique de la Hunter Valley, c’est pourtant le Chardonnay le plus planté et on y trouve même parmi les plus anciennes vignes de Chardonnay au monde. Il donne des vins assez gras, riches, pas forcément super complexes, à part quelques exceptions.

D’autres cépages blancs sont cultivés dans la région comme le Verdelho portugais ou encore le Vermentino qu’on trouve surtout dans le bassin méditerranéen.

Et du côté des rouges? Et bien c’est la Syrah (qu’on appel ici Shiraz) qui est le cépage rouge principal. Elle donne ici des vins très colorés, charpentés et qui ne ressemble pas vraiment aux vins de la Vallée du Rhône, ni à ceux d’autres régions australiennes comme Barossa ou Mc Laren Vale d’ailleurs.

Vous trouvez enfin un peu de Cabernet Sauvignon, du Tempranillo, du Sangiovese, un peu de Pinot noir aussi, mais ce n’est pas ce qui fait la réputation de la région.

Sachez que pour qu’un cépage apparaisse sur l’étiquette du vin, il doit composer au moins 85 % de la bouteille. Idem si le vin est étiqueté avec une région, au moins 85 % des raisins doivent provenir de cette région.

La Hunter Valley est un ancien fond marin, qui a pris la forme, au fil des millions d’années, d’une vallée verdoyante, faites de collines en pente douce sur les contreforts de la chaîne Brokenback, qui fait partie de la chaîne Great Dividing Range et bordé par des parcs nationaux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les sols y sont variés, allant des plaines alluviales sableuses aux limons profonds où prospèrent le sémillon et le chardonnay, et aux sols argileux rouges sur les versants des collines consacrés à la shiraz en raison de leur très bon drainage.

Dans la Hunter Valley, on trouve plus de 150 caves, avec certains domaines assez anciens.

Vous avez Tyrrel, Mont Pleasant, McWilliams, Brokenwood, Lake Folly par exemple. Mais aujourd’hui, il y a de nouvelles générations qui fait du bon boulot, qui expérimente de nouvelles techniques, avec de nouveaux cépages et nul doute que la région va encore progressée.

Alors c’est pas évident de trouver des vins de la Hunter Valley, encore moins des vieux millésimes, il y a quelques offres sur internet, autour d’une vingtaine d’euros pour des Sémillons récents, mais pourquoi pas, pour une 1ère approche.

Le succès de la Hunter Valley est fortement lié à sa proximité avec Sydney, et ce depuis que les premiers colons sont arrivés. Tout n’a pas été un long fleuve tranquille mais elle a réussi à trouver une clientèle nationale et même internationale au fil de temps en misant sur quelques cépages phare et notamment le Sémillon. Aujourd’hui quand on parle de vin et d’Australie, on doit parler de la Hunter. Alors parler c’est bien mais goûter c’est mieux donc à vous de vous faire votre propre idée, avec modération bien sûr.

Laisser un commentaire