Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, et avant de commencer je vous rappelle que vous pouvez retrouver tous les podcasts et leurs transcriptions sur le site pod-vins.com. Je vous informe que j’ai commencé aussi à inclure des quiz pour ceux qui ont envie de jouer et tester leurs connaissances. Alors n’hésitez surtout à y aller quand vous en avez besoin et à commenter pour donner votre avis, ajouter des informations, partager vos trouvailles, etc, etc…
Aujourd’hui je vous emmène en Australie, mais pas sur le continent, un peu plus au Sud, sur l’île de Tasmanie qui est le plus petit état viticole du pays.
La Tasmanie se situe en plein océan, au Sud de Melbourne, à environ 240 km des côtes dont elle est séparée par le détroit de Bass, et c’est de fait la région viticole la plus fraîche d’Australie puisque nous sommes dans l’hémisphère Sud mais surtout dans la zone habitée la plus proche de l’Antarctique. Et tout cela a bien sûr, nous allons le voir, des conséquences sur les vins que l’on peut y produire.
D’ailleurs, on s’intéresse à la Tasmanie car la viticulture y a commencé de façon sérieuse tardivement, dans les années 60, mais n’a cessé de progresser au point d’être devenue un vignoble qui compte à présent dans le Nouveau Monde, bien qu’il soit très petit à l’échelle de cet immense pays, puisqu’il n’englobe que 2000 hectares et représente 1% de la production australienne.
Je vous rappelle qu’on dénombre 6 grandes régions viticoles en Australie, on en a déjà parlé, New South Wales, Queensland, South Australia, Victoria, Western Australia et donc pour finir la Tasmanie.
Et la Tasmanie est une exception. En effet, l’île entière est considérée comme une seule région viticole, une indication géographique comme on dit en Australie. Et aucune sous-région n’a encore été définie.
Toutefois, l’État peut être divisé en deux parties : le Nord d’un côté et le Sud et l’Est de l’autre. Il n’y a pas de viticulture dans l’Ouest de l’île, qui est beaucoup trop humide pour que les raisins y poussent correctement, alors que la partie orientale, elle, est protégée des forts vents et des précipitations par une chaîne montagneuse. D’ailleurs, sachez que la Tasmanie est l’état le plus montagneux d’Australie, avec de multiples chaînes de montagnes au centre de l’île et un point culminant, le mont Ossa qui culmine à 1 620 mètres d’altitude.
Mais si on veut être plus précis, la Tasmanie est divisée en 7 sous-régions, disons, non officielles, qui ont toutes leurs propres spécificités. Ce sont : North West, Tamar Valley, Pipers River, East Coast, Coal River Valley, Derwent Valley et Huon Valley.
Les plus intéressantes sont Tamar Valley, où furent plantées les premières vignes au début du XIX° et où se concentrent la moitié des domaines de l’île, Pipers River, célèbre pour sa production de vins effervescents et Coal River Valley.
Les régions sont donc bien différentes car il faut dire que le climat est un peu particulier en Tasmanie et loin de l’idée qu’on pourrait se faire d’une région australienne. Il est océanique tempéré mais frais du fait de la latitude, on est entre le 41ème et le 43ème parallèle. Les températures ne dépassent guère la vingtaine de degrés, bien inférieures à celles de l’Australie continentale, provoquant même certaines années des problèmes de floraison et de maturité, sans compter les épisodes de grêle contre lesquels les viticulteurs doivent lutter, comme dans toutes les zones viticoles fraîches.
Toutefois, l’ensoleillement est important, il y a une belle arrière-saison également et la Tasmanie peut être même l’une des zones les plus séches du pays sur sa partie Est, nécesitant parfois le recours à l’irrigation.
Enfin dernier point, le vignoble est également fortement venté. N’oublions pas que la Tasmanie tout entière est dans la zone des fameux Quarantièmes Rugissants et si c’est la côte Ouest qui est particulièrement frappée, la côte Est subit également l’influence de ces vents violents, même si, comme l’on a dit, elle reste bien protégée par les montagnes au centre de l’île.
Au niveau géologique, là aussi on peut noter des différences entre toutes les zones. Des grès et des schistes dans la vallée de Derwent, des sols tourbeux, alluviaux et sablonneux dans la vallée de Coal River, des sols friables sur Pipers River, des basalte graveleux dans la vallée de Tamar et des sols volcaniques sur la côte Est.
Les terroirs pierreux sont relativement intéressants sous climat frais car ils permettent de d’emmagasiner la chaleur le jour pour la restituer la nuit.
Dans ces conditions, en Tasmanie, on produit environ 60% de vins tranquilles, surtout du rouge et du blanc et 40% de vins effervescents. D’ailleurs, l’île produit parmi les meilleurs vins effervescents du pays selon la méthode champenoise que l’on appelle même ici la méthode Tasmanoise. Il faut dire que le climat frais et les sols se prêtent parfaitement à ce type de production, à tel point qu’on fait même parfois un parallèle entre la Champagne et la Tasmanie.
Il n’est donc pas étonnant de retrouver des cépages à l’aise dans ce genre d’environnement, au premier rang desquels le Pinot Noir, le cépage roi de Tasmanie qui représente à lui seul 47% de la production tasmanienne. Viennent ensuite le Chardonnay (pour 25% environ), le Sauvignon, le Pinot gris et le Riesling.
Ces cinq principales variétés représentent plus de 95 % des plantations de vigne, le reste étant dévolu notamment au Cabernet Sauvignon, au Merlot et à la Shiraz.
Les vins sont en général des monocépages, et ce sont des vins, vous vous en doutez, avec beaucoup de fraîcheur et d’acidité mais aussi beaucoup d’élégance.
Aujourd’hui, le nombre de producteurs tourne autour de 250, ce sont plutôt des petites exploitations et certains domaines se sont déjà faits un nom grâce à la qualité de leurs vins. Je pense au Domaine Stefano Lubiana, au Domaine A, à Pipers Brook, au Domaine Freycinet, à Tolpuddle, à Dalrymple ou encore Arras et Jansz pour les effervescents.
Malheureusement, très peu de vins sont exportés, ils sont bus sur l’île ou sur le continent et sont globalement assez chers.
Sachez pour finir que la Tasmanie est également célèbre pour ses whiskies, qui ont acquis une renommée internationale, grâce à des sources d’eau pure, de l’orge de haute qualité et des conditions climatiques idéales.
D’une économie basée sur l’élevage de vaches et de moutons, sur les cultures maraîchères et les vergers, la Tasmanie a compris qu’elle bénéficiait de conditions parfaites pour la production de vins de très haute qualité. Alors, bien sûr, tout n’est pas un long fleuve tranquille mais les résultats sont là et son potentiel est encore énorme. D’autant que le réchauffement climatique ne l’a pas forcément défavorisée.
Ce n’est plus un secret, personnellement, j’adore ces vignobles du Nouveau Monde, que ce soit en Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud ou en Amérique Latine, qui petit à petit sont en train de challenger les régions du Vieux Continent. Malheureusement, les prix des vins sont souvent dissuasifs quand le problème n’est pas de les trouver.
Si vous avez donc l’opportunité de goûter un vin de Tasmanie, je vous invite fortement à saisir cette opportunité, car au-delà de l’originalité de l’expérience, pour nous qui sommes à des milliers de kilomètres de ce vignoble perdu en pleine mer, vous vous rendrez compte du niveau de qualité atteint par cette île oú des vignerons talentueux ont su tirer le meilleur de leurs terroirs, avec modération bien sûr.