La puissance du Toro!

La puissance du Toro!

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Pour ce premier épisode de l’année, nous retournons en Espagne dans une appellation, ou plutôt une Denominacion de Origen, qui est en train petit à petit de susciter pas mal d’intérêt et je vous propose aujourd’hui de découvrir pourquoi. Ce vignoble, c’est celui de Toro.

Toro s’écrit T-O-R-O comme un taureau en espagnol et l’origine de ce nom est un peu floue. Plusieurs théories circulent.

Certains pensent que c’est à cause d’une sculpture qui date de la fin de l’âge de Bronze et qui se trouve aujourd’hui à l’entrée de la ville, qui s’appelle le Toro de piedra, de pierre.

Une autre théorie affirme qu’à l’époque romaine, un des consuls qui exerça le pouvoir dans la ville s’appelait Statilius Taurus et que son nom aurait pu être utilisé pour nommer la ville.

Enfin, une dernière, qui me semble avoir du sens tient à la position géographique de Toro, située sur une colline au-dessus de la plaine du Duero. Et Torus signifie en latin “hauteur” ou “élévation de terrain”.

Et il en existe d’autres, pour vous dire à quel point le débat fait rage.

Pour vous situer Toro, on se trouve au Nord-Ouest de Madrid, dans la communauté de Castilla y Leon, sur deux provinces, à savoir Zamora et un petit peu Valladolid. Le vignoble se situe donc entre la Ribera del Duero et le Portugal. Et si je vous parle de la Ribera del Duero, c’est que le fleuve, le Duero, traverse également le territoire de Toro avant d’entrer au Portugal où il prend le nom de Douro jusqu’à son terminus à Porto.

Par sa position géographique, Toro bénéficie d’un climat continental aride, avec des étés très chauds et secs, peu de précipitations et des hivers rigoureux. Le vignoble ne doit son salut qu’à de fortes variations de température entre le jour et la nuit et l’altitude à laquelle sont plantées les vignes, entre 700 et 900 mètres environ, ce qui permet d’avoir de la fraîcheur et une maturation lente et régulière des raisins.

Ce qui favorise également la qualité des raisins sur l’appellation Toro, ce sont ses sols, principalement sableux, argilo-calcaires, recouverts de couches de graviers et de galets en surface. Le Phylloxéra n’appréciant pas le sable comme nous l’avons déjà évoqué dans de précédents épisodes, le vignoble a été relativement épargné par le fléau, ce qui fait que subsitent encore de vieilles vignes exceptionnelles.

De plus, ce sont des sols pauvres, ce qui contraint la vigne à aller chercher en profondeur l’eau et les nutriments dont elle a besoin.

Grâce à son terroir unique, Toro s’est fait aujourd’hui une place sur la carte des vins espagnols et même internationaux. On y produit des vins rouges puissants, charpentés et tanniques, élaborés à base d’un cépage qui est un clone du célèbre Tempranillo, que l’on appelle ici la Tinta de Toro. Il occupe plus de 70% des surfaces plantées, le reste étant partagé entre la Garnacha Tinta, c’est-à-dire le Grenache et les cépages blancs Malvasia, Verdejo, Albillo real et Muscat à petit grain.

La Tinta de Toro est donc très proche du Tempranillo mais a une peau un peu plus épaisse et une teneur en polyphénols plus élevée, ce qui fait qu’on aura au final des vins plus costauds que ceux de la Ribera del Duero.

Du coup, les vins sont bien souvent élevés en fûts de chêne, français ou américains, pour les assagir un petit peu, gagner en complexité avec des notes boisées, de vanille, d´épices voire de coco pour ce qui est du bois américain, qui viennent compléter des notes de fruits noirs et fruits rouges, de réglisse, de cacao ou encore de pruneau.

Ils peuvent être dégustés jeunes mais ont un bon potentiel de garde qui leur permet de gagner en profondeur et compléxité au fil du temps.

Les vins rouges doivent contenir au moins 75 % de Tinta de Toro, mais ils sont le plus souvent produits en monocépage.

Quant aux vins rosés et blancs, qui font également partie de la DO, ils ne sont produits que de façon marginale.

Ce sont des vins qui marchent bien avec les viandes rouges bien sûr, grillées, a la plancha, le gibier, ou encore les plats en sauce, les daubes ou les ragoûts.

Il y a seulement une trentaine d’année, Toro n’intéressait pas grand monde mais à la lumière de ce que nous avons vu, il est devenu à vitesse vertigineuse un vignoble à fort potentiel.

Pourtant c’est un vignoble ancien, on situe ses débuts au temps des romains, et ses vins étaient très appréciés tout au long du Moyen-Âge. Il a connu également une période florissante lorsque le Phylloxéra a touché le vignoble français et qu’il a fallu trouvé des vins de substitution mais est tombé un peu en désuétude par la suite.
Toro devient pourtant une DO en 1987 mais il faudra attendre les années 2000 pour voir l’arrivée de grands producteurs espagnols comme Fariña, Viña Bajoz, Numanthia qui appartient aujourd’hui à LVMH, Pintia du fameux groupe Vega Sicilia ou encore Elias Mora.

Il y aussi une nouvelle génération de vignerons, qui comme c’est le cas dans de nombreux autres vignobles, apportent de nouvelles idées, des techniques plus modernes et participent

à la renaissance et l’affirmation de ce vignoble.

Si les vins de Toro vous tentent, et je vous y encourage plus que fortememt, ils ont un bon rapport qualité/prix dans l’ensemble et il y en a pour toutes les bourses, largement de quoi se faire plaisir selon son budget.

Le succès de Toro est aujourd’hui la conjonction d’un terroir unique, d’une tradition viticole ancienne, et d’un savoir-faire bien établi, le tout encouragé par des vignerons, anciens ou nouveaux, très talentueux. Je vous conseille de miser sur cette appellation car nul doute qu’à l’avenir la viticulture espagnole devra compter avec ce vignoble qui réussit à produire des vins de grande qualité, qui se bonifient avec le temps, mais également des vins fruités et séduisants à consommer jeunes, avec modération évidemment.

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