Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, je suis content de vous retrouver et aujourd’hui je vais être votre guide pour vous accompagner dans une superbe région où il y a une petite appellation au nom évocateur dont vous avez peut-être déjà entendu parler. En effet, aujourd’hui nous allons voir ce qui se cache derrière Beaumes-de-Venise.
Beaumes-de-Venise est une petite appellation qui fait un peu plus de 600 hectares, située dans le vignoble de la Vallée du Rhône, dans sa partie méridionale.
Je vous rappelle que le vignoble du Rhône est scindé en 2 parties : une partie septentrionale avec Hermitage, St Joseph, Côte Rôtie, etc… et une partie méridionale avec Châteauneuf du Pape, Gigondas par exemple et donc Beaumes-de-Venise.
Ici, les vignes se situent au nord-ouest de Carpentras sur quatre communes du Vaucluse : Beaumes-de-Venise, Lafare, La Roque-Alric et Suzette, avec la particularité d’être au pied d’une chaîne de montagnes qu’on appelle poétiquement les Dentelles de Montmirail.
Et je ne sais pas ce que vous en pensez mais personnellement, je trouve que Beaumes-de-Venise est une appellation qui a également quelque chose de poétique, un nom qui invite aux voyages et au dépaysement.
Toutefois, ce n’est pas tout à fait ce que vous imaginez.
Le nom Beaumes vient des nombreuses grottes creusées sous le village et dans la roche de la colline puisque « balmes » signifie « grottes » en provençal. Quant à Venise, il n’y a pas de lien avec la Sérénissime puisque cela vient de Venisse qui vient du Comtat venaissin, territoire qui fut la possession des papes jusqu’à 1791.
Le vignoble de Beaumes-de-Venise est un vignoble ancien puisque les vignes y sont présentes depuis l’Antiquité. Mais c’est véritablement au 20ème siècle et après la terrible période phylloxérique, qu’il va s’affirmer sur la carte viticole française.
Ainsi, en 1957, Beaumes-de-Venise intègre l’aire de production des Côtes du Rhône et accède en 1978 à l’appellation Côtes du Rhône Villages Beaumes-de-Venise. Mais c’est en 2005 qu’elle obtient son AOC au même titre que ses voisines Châteauneuf-du-pape, Vacqueyras ou encore Gigondas, Gigondas avec laquelle elle partage d’ailleurs les dentelles de Montmirail.
Sur l’appellation Beaumes-de-Venise, on ne fait que des vins rouges tranquilles, des vins d’assemblage essentiellement à base de Grenache complété par la Syrah et le Mourvèdre puis par une quinzaine d’autres cépages aussi bien rouges comme le Cinsaut, le Carignan que blancs comme le Bourboulenc, le Grenache blanc ou le Viognier.
Ça donne des vins puissants, fruités et gourmands, aux arômes de fruits rouges (cerise, myrtille, cassis), d’épices, d’herbes aromatiques, des notes animales également.
Ce sont donc des vins costauds, n’oubliez pas que les vignes sont sous un climat à influences méditerranéennes, exposées Sud et Sud-Est et avec une particularité par rapport aux autres appellations du coin liées au massif montagneux. En effet, le vignoble est protégé du Mistral, ce vent violent venu du Nord, par les Dentelles de Montmirail. Les vignes quant à elles se situent entre 120 et 400 mètres d’altitude, pour la plupart sur des terrasses étroites, façonnées par l’homme, appelées localement « restanques » ou « faysses ». Rien à voir avec le postérieur, ça s’écrit ay.
Et l’altitude et l’amplitude thermique entre les journées chaudes et la nuit apporte une belle fraîcheur qui participe à l’équilibres des vins.
Les vins de Beaumes-de-Venise tirent également leur personnalité de la grande complexité géologique de la zone générée notamment par l’émergence des Dentelles de Montmirail. Et aujourd’hui, on distingue 3 terroirs principaux :
-Des sols du Trias d’abord (la période la plus ancienne de l’ère secondaire, l’ère secondaire c’est il y a entre 250 et 66 millions d’années), avec des terres ocres, riches en gypse sur les terroirs les plus élevés, idéaux pour cépage comme le grenache.
-Ensuite, des terres blanches d’éboulis calcaires datant du Crétacé (c’est le fin du secondaire, qui correspond à la disparition des dinosaures et des reptiles marins), plus autour de La Roque Alric,
-Et des marnes grises du Jurassique composées de limons, d’argile et de sable au nord de Lafare (et le jurassique, et bien c’est entre le trias et le crétacé).
Vous voilà calé en géologie.
Alors vous avez peut-être été surpris quand je vous ai dit qu’on ne faisait que des rouges tranquilles à Beaumes-de-Venise. Et c’est normal car la renommée de ce village vient tout d’abord de ses vins doux naturels mais qui font l’objet d’une autre appellation, l’AOC Muscat de Beaumes-de-Venise, qui est d’ailleurs l’une des deux appellations fournissant du vin doux naturel dans la vallée du Rhône avec Rasteau.
C’est une appellation plus ancienne puisqu’elle date de 1945, délimitée seulement sur 2 communes : Beaumes-de-Venise et Aubignan, soit 300 hectares.
Grâce à un cépage unique, le « Muscat à petits grains », dans sa version blanche ou rouge, qui trouve ici un terroir de prédilection sur des sols sableux chauds qu’on appelle les terres blondes, on y fabrique des vins sucrés blancs à 95% mais aussi rosés et rouges, doux, fruités aux arômes de fruits exotiques, de litchi, de mangue, d’agrumes confits, de poire ou de miel.
Alors pour les produire, on élabore un vin comme n’importe quel autre vin, sauf qu’on récolte les raisins riches en sucre (au minimum l’équivalent de 252 grammes par litre) et on stoppe sa fermentation en ajoutant 10% d’alcool vinique titrant au minimum 96 degrés, ce qui va tuer les levures et donc arrêter la fermentation : c’est ce qu’on appelle le mutage.
Le mutage, je répète car c’est important, vous récoltez des raisins très sucrés et faites démarrer la fermentation, les levures mangent le sucre et le transforme en alcool et quand vous êtes satisfait du niveau d’alcool produit, vous dites au levures, merci beaucoup pour ce bon boulot, vous les tuez gentiment en ajoutant un alcool neutre très fort et donc la fermentation s’arrête puisqu’il n’y a plus de levures et puisque vous aviez à la base des raisins très sucrés, il reste du sucre non transformé et vous obtenez un vin doux. Pas facile la vie d’une levure, n’est-ce-pas ?
La région est une belle région de gastronomie. Les vins rouges font merveille avec des viandes rouges bien sûr, des plats en sauce, du gibier et pourquoi pas un dessert au chocolat.
Quant aux Muscats, des fromages à pâte persillée, de la cuisine exotique ou des tartes aux fruits.
Les viticulteurs de Beaumes-de-Venise ont atteint un très bon niveau d’ensemble et ils ont su s’organiser, adapter leur cahier des charges pour produire des vins qualitatifs, avec des vendanges manuelles, des rendements modérés, des vinifications respectueuses notamment.
Ils sont une trentaine comme le Domaine des Bernardins, le Domaine des Garances, le Domaine de Fenouillet, le Domaine Saint Amand, le domaine de Cassan entre autres et la cave coopérative Rhonéa qui regroupe un collectif de près de 400 vignerons.
Si vous ne connaissez pas les Dentelles de Montmirail, raison de plus pour vous y arrêter et rendre visite à ces sympathiques vignerons de Beaumes-de-Venise qui auront à cœur de vous faire découvrir leurs vins rouges mais aussi leurs vins blancs, mais qui n’entrent pas toutefois dans le cadre de l’appellation Beaumes-de-Venise et qui sortent en AOC Côte du Rhône ou IGP Vin de Pays de Vaucluse et bien sûr les fameux Muscats. Donc allez-y, faites-vous plaisir, tout ça avec modération comme toujours.