Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espére que vous êtes en forme, que vous êtes prêts à vous évader dans le vignoble, et quel vignoble aujourd’hui puisque nous allons parler d’une méga star, une appellation prestigieuse que beaucoup de pays nous envient, tant les amateurs de vins l’apprécient. Et cette appellation si particulière, c’est Chateauneuf-du-Pape.
Alors c’est une appellation du vignoble de la Vallée du Rhône et sans aucun doute la plus renommée de sa partie méridionale, puisque vous savez que la Vallée du Rhône se scinde en deux parties, une partie septentrionale avec Hermitage, St Joseph, Côte-Rôtie, etc… et donc une partie méridionale.
Nous sommes sur la rive gauche du Rhône, sous le regard bienveillant du Mont Ventoux, non loin d’Avignon et ce n’est pas pour rien que je vous parle d’Avignon puisque Avignon fut la cité des Papes de 1309 à 1423 et resta possession du Vatican au sein des États pontificaux jusqu’en 1790. Et cela a son importance.
En effet, sous le pontificat de Jean XXII, le village, sur les hauteurs duquel on construisit une forteresse devint résidence d’été de la papauté. Le vin produit dans le village, depuis au moins l’époque gallo-romaine puis développé par l’évêque d’Avignon, accéda alors au rang de « Vin du Pape » et bien sûr rapidement trouva sa place sur les tables des plus grandes cours européennes.
Il était expédié en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et même aux Etats-Unis. Bref, le commerce était prospère.
Si bien qu’en 1893, sous l’impulsion du maire Joseph Ducos, le village prit définitivement le nom de Châteauneuf-du-Pape en hommage aux Souverains Pontifes qui y avaient séjourné au XIVe siècle, après s’être appelé Castro Novo, puis au XIIe siècle, Châteauneuf Calcernier en référence à la chaux de qualité que l’on y produisait.
Mais il s’y déroula quelque chose d’important au début du 20éme siècle.
Soucieux de mettre en place une réglementation plus stricte pour assurer la qualité de leurs vins et les protéger, les vignerons de Chateauneuf, sous l’impulsion d’un homme clé, le Baron Le Roy de Boiseaumarié, époux de l’héritière du château Fortia, s’imposèrent à partir de 1923 des règles de production précises qui menèrent à la création de l’Institut National des Appellations d’Origine et la mise en place en 1936 du système d’appellations que nous connaissons aujourd’hui : Châteauneuf-du-Pape devint la 1ère AOC viticole de France, au même titre que Arbois, Tavel, Cognac, Cassis et Monbazillac.
Aujourd’hui, l’appellation s’étend sur 3200 ha dans le Vaucluse, à savoir la quasi-totalité de la commune de Châteauneuf-du-Pape et sur quatre communes voisines (Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues).
Châteauneuf du Pape, c’est une histoire d’assemblages.
L’assemblage tout d’abord de cépages. Châteauneuf-du-Pape est une terre de vins rouges qui représentent quasiment 95% de la production, le reste revenant aux vins blancs puisqu’il n’existe pas de rosé au sein de l’appellation. Et pour produire ces vins, 13 cépages sont autorisés, avec lesquels les vignerons peuvent composer à leur guise.
L’ossature des vins rouges reposent sur le Grenache qui a trouvé ici un terrain de prédilection, lui qui aime le chaleur, et dans une moindre mesure l’autre cépage emblématique du Rhône, à savoir la Syrah.
Peuvent les accompagner le Mourvèdre, le Cinsault et d’autres un peu moins courants comme la Clairette, le Vaccarèse, le Bourboulenc, la Roussanne, la Counoise, le Muscardin, le Picpoul, le Picardan, et le Terret noir. Donc ça fait 13 mais en fait ce sont 18 cépages si on prend en compte les différentes couleurs, blanc, rouge ou rosé du Grenache, de la Clairette et du Picpoul.
Mais c’est aussi l’assemblage de terroirs. Et ils sont uniques et très variés sur l’appellation. Au premier rang desquels les sols.
La marque de fabrique de l’appellation, ce sont bien sûr ses fameux galets roulés mêlés à une matrice argileuse rougeâtre, morceaux de roches des Alpes arrachés par le Rhône au cours des périodes glaciaires successives, polis par le fleuve et laissés au fond de son ancien lit lorsqu’il s’est retiré. Des galets qui ont la particularité d’emmagasiner le chaleur le jour et de la restituer aux raisins la nuit. Avec deux avantages, d’une part le parfait mûrissement des baies et d’autre part le non-développement de certaines maladies, l’eau s’évaporant à leur contact.
Cela permet un bon état sanitaire de la vigne, d’autant que s’y ajoute un climat chaud et sec, avec une belle luminosité, renforcé par l’action du Mistral. Si bien qu’une bonne partie de l’AOC est conduite en viticulture biologique.
Mais Chateauneuf-du-Pape, c’est loin d’être que ces galets roulés.
Deux autres terroirs composent le vignoble de Châteauneuf-du-Pape. A l’ouest, des sols de roches calcaires dures avec des sous-sols d’argile, ou formés de grès molassiques. A l’est, des sols à texture sableuse et gréseuse.
Vous verrez beaucoup de vignes taillées en gobelets à Châteauneuf, une façon de les protéger du Mistral et des brûlures du soleil. Sachez que ce mode de conduite est obligatoire pour certains cépages tels que le Grenache noir, le Mourvèdre, le Picpoul noir ou le Terret Noir.
Parce qu’il ne pleut pas beaucoup dans cette région (moins de 650 millimètres par an) et c’est là où le sous-sol d’argile est intéressant parce qu’il permet un bon enracinement de la vigne et une bonne alimentation hydrique.
Alors comment pourrait-on définir les vins de Chateauneuf-du-Pape? Pour les rouges, je dirais que ce sont des vins solaires, généreux et gourmands. Ce sont des vins puissants, charpentés, avec de la complexité aromatique, sur les fruits noirs mûrs, le cèdre, des notes chocolatées puis de tabac, de cuir et de sous-bois au fur et à mesure de leur vieillissement. Car ce sont d’excellents vins de garde, plusieurs dizaines d’années pour les très belles cuvées.
Les blancs sont gras, très ronds, parfois un peu trop opulents à mon goût, mais c’est purement personnel, avec une belle palette aromatique toutefois, sur des notes de fleurs et de fruits blancs qui évoluent vers des arômes miellés avec le temps.
Quoiqu’il en soit, la qualité est exceptionnelle à Châteauneuf. Dejà parce que c’est une appellation exigeante, les contraintes réglementaires sont strictes :
tri obligatoire soit à la vigne, soit au chai, vendange manuelle, rendement max de 35 hectolitres par hectare par exemple.
Ce qui fait qu’il y a une forte densité de grands domaines sur l’AOC, une quarantaine, une cinquantaine peut-être, sur les 300 et quelques exploitations que comptent l’appellation. Bien sûr le Clos des Papes, élu meilleur vin du monde en 2007 par le Wine Spectator, Beaucastel, Rayas, le Domaine du Vieux Télégraphe, le Domaine de la Janasse, le Domaine Charvin, le Domaine de Marcoux, le Domaine St Préfert, le château Fortia, la Nerthe, Chapoutier, Paul Jaboulet Ainé pour n’en citer que quelques-uns.
Si vous souhaitez acquérir des bouteilles de Chateauneuf, vous les reconnaîtrez facilement car elles sont armoriées et frappées d’un sceau avec deux clés depuis 1937, ce qui symbolise une tiare papale placée au-dessus des clés de Saint-Pierre. Vous y voyez également l’inscription Châteauneuf-du-Pape contrôlé écrit en lettres gothiques.
Ce ne sont pas des vins forcément donnés mais compte tenu de la qualité, ça reste raisonnable entre 30 et 50 euros, et plus pour les cuvées plus prestigieuses.
Ce ne sont pas des vins de tous les jours, d’une part en raison du prix mais aussi parce qu’ils méritent un bel accompagnement pour faire face à leur puissance. Il y a un tas de possibilités et d’accords possibles, je suis sûr que vous en avez déjà en tête, don bon appétit, avec modération comme toujours.