Gigiondas, terre de Grenache

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Gigiondas, terre de Grenache

Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espére que vous êtes en forme pour écouter ce nouvel épisode qui nous conduit dans une région que vous appréciez, en l’occurrence la vallée du Rhône et c’est l’une des raisons pour lesquelles aujourd’hui nous allons parler de Gigondas. Mais il y a aussi une autre raison, c’est que cette appellation du Rhône méridional, célèbre pour ses rouges, a intégré dans son cahier des charges les vins blancs, et rien que ça, ça méritait de s’y attarder aujourd’hui.

Alors, Gigondas est une appellation du Vaucluse, qui ne concerne que la commune de Gigondas, au cœur du triangle Carpentras, Orange et Vaison-la-Romaine. Mais ce qui la caractérise avant tout, c’est sa position au pied des fameuses Dentelles de Montmirail, une formation calcaire vieille de 200 millions d’années, mons mirabilis qui signifie la montagne admirable, et qui se trouvent au Sud-Est du village.

Concernant l’origine du nom Gigondas, on retient deux hypothèses, je vous laisse choisir celle que vous préférez.

La première nous dit que Gigondas viendrait de gignit undas, qui signifie  « surgi des eaux », peut-être en référence à la mer qui dominait jadis et d’où sont sortis les Dentelles de Montmirail.

La seconde est d’origine latine puisque la culture de la vigne remonte ici à l’antiquité. Jules César y installa au Ier siècle avant JC une colonie de vétérans dont l’un d’eux semblait être particulièrement heureux et qu’on l’aurait surnommé Jucundus,“le Joyeux”, donnant ainsi au village le nom Jocundatis, atis marquant l’appartenance en latin, puis Gigondas.

Vous l’aurez compris, l’histoire de Gigondas, on dit parfois Gigondas également, remonte à l’époque romaine mais c’est à la fin du 19ème siècle que les choses évoluèrent véritablement. Le Phylloxéra attaqua le vignoble comme partout en France et les vignes furent abandonnées au profit des oliviers. Toutefois, les oliviers ne résistèrent pas aux grandes gelées des hivers 1929 et 1956 et du coup, on replanta des vignes et la réputation des vins de Gigondas ne cessa de croître. Le nom de la commune fut associé, en 1951, à l’AOC Côtes du Rhône Villages et enfin en 1971, elle obtint le statut de cru. Et c’est d’ailleurs le 1er Côtes du Rhône Villages qui accèda au rang de Cru.

Aujourd’hui, le vignoble couvre une superficie de 1200 hectares environ, l’autre moitié du territoire étant occupé par les bois et les forêts, faisant bénéficier au territoire Gigondassien d’une exceptionnelle biodiversité.

Vous vous en doutez, d’un point de vue géologique, cet environnement est particuliérement intéressant. Alors on va pas entrer dans le détail car c’est assez complexe mais il faut retenir que les sols de Gigondas sont très variés et que l’on peut distinguer 3 grandes zones principales. Tout d’abord des terrasses alluviales plus ou moins caillouteuses d’argile rouge, sur le plateau de l’Ouvèze, à 100 mètres d’altitude. Ensuite, à mesure qu’on se rapproche des Dentelles et que l’altitude progresse, des rubans de sols sableux et argilo-sableux sur lesquels on retrouve des vignes pré-phylloxériques puisque, vous le savez peut-être, le Phylloxéra n’arrive pas bien à évoluer dans un environnement sableux.

La dernière partie, ce sont des sols marneux et calcaires sur les coteaux et les restanques, dans la partie la plus haute du vignoble, c’est-à-dire la plus proche des Dentelles, jusqu’à 400/500 mètres d’altitude.

Les vignes sont implantées sur des expositions très différentes, du nord-ouest à plein sud.Donc plus ou moins protégées par le massif de l’ensoleillement estival excessif.

Car le vignoble jouit d’un climat provençal typique, c’est à dire ensoleillement et Mistral. Donc d’un côté vous avez de la chaleur et du soleil et de l’autre, un vent froid et sec qui favorise la concentration des raisins et qui limite le développement de maladies cryptogamiques. Tout ça bien sûr sous la protection bienveillante de la chaîne des Dentelles de Montmirail, ou plutôt des chaines puisque le massif se divise en trois chaînes parallèles : la Chaîne du Clapis, les Dentelles Sarrasines et

la Chaîne du Grand Travers.

Et qu’en est-il des vins ?

Le Gigondas, c’est 98% de rouge, 1% de rosé et disons 1% de blanc à ce jour.

Ici, le cépage roi, c’est le Grenache noir, il doit représenter au moins 50% de l’assemblage et apporte des tannins, de la structure et une grande aptitude au vieillissement.

On trouve aussi de la Syrah et du Mourvèdre, c’est le fameux trio GSM rhodanien, du Cinsault, et plus marginalement de la Clairette, du Terret noir, de la Counoise, du Picardan ainsi que quelques autres.

Les Gigondas, avec les Châteauneuf-du-Pape, ce sont les grands crus de la vallée du Rhône méridional. Ce sont des vins puissants, charnus, avec une belle charpente, l’AOC exige un des rendements les plus faibles de France, 36 hl/ha maximum, et ils expriment dans leur jeunesse des arômes de fruits rouges (la cerise, la fraise, de kirsch) et de fruits noirs mûrs (la mûre, le cassis, la myrtille). Ce sont des vins de grande garde qui évoluent vers des notes plus sauvages, de sous-bois, de cuir, mais aussi de pruneau, des notes épicées voire truffées.

Comme je l’ai dit en introduction, l’actualité de Gigondas, c’est l’extension de l’AOC aux vins blancs, à partir du millésime 2023, aboutissement d’une démarche entamée il y a plus de 10 ans, bien qu’on faisait un peu de blanc sur Gigondas mais qui sortait en Côte du Rhône. Parce que Gigondas possède un terroir parfait pour les blancs sur les coteaux des Dentelles, d’un part grâce à ses sols d’éboulis calcaires comme on l’a vu mais aussi grâce à l’altitude, autour de 400 mètres, qui permet de conserver une belle fraÎcheur et d’apporter aux vins une jolie minéralité.

Alors Ils sont élaborés à partir de Clairette essentiellement, mais aussi de bourboulenc, de Grenache blanc, de Marsanne, Roussanne, Viognier, Ugni blanc entre autre.

Alors, bien sûr, le Gigondas appelle un bon repas. Ce sont des vins de gastronomie. Je vous conseille de partir sur des viandes rouges, du gibier, un plat en sauce, un râgout, une daube, quelque chose qui mettra en valeur la puissance du vin.

Si vous souhaitez acheter une bouteille de Gigondas, vous les reconnaîtrez car comme leurs voisines de Châteauneuf, elles sont armoriées de brins d’olivier et d’un écu de la famille d’Orange , Gigondas a fait partie de la principauté d’Orange jusqu’à ce que leur Maison soit rattachée à la France en 1731.

Ça va de 15 à 30 euros et on peut s’en procurer assez facilement en général, soit ches les cavistes, soit sur internet.

Aujourd’hui, plus de 200 vignerons exercent sur Gigondas qui comptent pas mal de jeunes vignerons et ça c’est toujours une bonne chose pour une appellation. Je peux vous citer quelques valeurs sûres comme le Château de Saint Cosme, le domaine des Bosquets, le Domaine La Bouïssiere ou encore le Domaine Santa Duc.

En tant qu’amateur de bons vins, difficile d’ignorer les Gigondas, et ne vous fier pas à leur réputation de vins trop puissants, les viticulteurs locaux font de gros efforts pour nous proposer de superbes vins parfaitement équilibrés sur un terroir qui s’y prête. D’autant que les prix restent somme toute raisonnables donc il y a vraiment moyen de se faire plaisir, avec modération bien sûr.

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