Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, content de vous retrouver aujourd’hui pour une nouvelle aventure, plutôt insolite puisque nous allons parler d’un vignoble assez méconnu qui se trouve pourtant dans une des régions les plus connus en France et dans le monde, c’est bien sûr Paris et l’île de France.
Car et oui, il y a des vignes en Ile de France et on y fait même du vin, dans les 8 départements de la région, Paris intra muros, auxquels s’ajoutent le département de l’Oise, une partie du département de l’Aisne et le secteur de Dreux dans l’Eure-et-Loir.
Alors on va pas se mentir, c’est pas fou-fou, il n’y a qu’une centaine d’hectares au total, mais ça n’a pas toujours été ainsi. En effet, jusqu’au 18ème siècle, l’Ile de France était le plus grand vignoble de France, avec environ 50 000 hectares et environ 300 communes qui abritaient des vignes. Il fallait bien ça pour assouvir la soif de la cour et de ses alentours. Et le vin parisien partait même en province et à l’étranger, bref il était à son apogée.
Alors qu’est ce qu’il s’est passé ? Bien, la concurrence des vins de la province, qui étaient meilleurs il faut le dire, facilitée par le développement du chemin de fer, puis le Phylloxéra lui ont mis un coup dans l’aile, et enfin l’urbanisation effrénée du bassin parisien a fini par achever le vignoble. A la moitié du 20ème siècle, il avait quasiment disparu.
Mais à la fin des années 80, les pouvoirs publics, départements, régions, collectivités mais aussi des particuliers le plus souvent regroupés en associations ou confreries ont replanté des vignes à vocation culturelle et pédagogique, touristique et patrimoniale. C’est-à-dire ce qu’on appelle des vignes franches, attention à ne pas confondre avec franc de pied, ça n’a rien à voir, des vignes franches, ce sont des vignes sans vocation économique donc ne répondant à aucune réglementation.
Puis l’idée de reconstruire le vignoble parisien a fait son chemin jusqu’à ce que l’Ile de France obtienne la reconnaissance et son appellaton IGP en 2020, l’IGP Ile de France, qui de plus peut ètre complétée par les mentions « primeur » ou « nouveau », par le nom d’ unités géographiques plus petites comme, « Coteaux de Suresnes-Mont-Valérien », « Coteaux de Blunay », « Coteaux de Provins », « Guérard » ou « Paris » ou tout simplement complétée par la mention du ou des cépages.
Et les cépages, parlons-en, car il y en a autour de 75 autorisés, rien que ça, même si les cépages principaux sont le chardonnay, le sauvignon et le pinot gris pour les blancs et le pinot noir et le gamay pour les rouges et les rosés. Pas étonnant compte tenu de la latitude septentrionale du bassin parisien.
Aujourd’hui, le vignoble d’Ile de France se cherche encore, cherche encore son terroir, il reste beaucoup de micro-vignobles exploités par des associations culturelles ou par des confréries bachiques qui se battent pour les faire perdurer.
Certains sont célèbres comme celui qui produit le Clos Montmartre sur le flanc nord de la butte, dans le 18ème arrondissement, celui du Jardin des Plantes, le Clos de Chantecoq qui se trouve au milieu des tours de La Défense, celui du Musée du Vin, dans le 16ème arrondissement, situé rue des Eaux, ça s’invente pas ou encore le vignoble de Paris-le Marais situé sur le toit d’un bàtiment historique.
On peut citer le citanguet de la confrerie St Vincent à St Fargeau Ponthierry, le Vin du parc de sausset, etc… Il y en a beaucoup.
Et aussi tous ceux qui se trouvent en banlieue, qui développent des activités pédagogiques avec les établissements scolaires ou les associations de quartiers, mais aussi pour le grand public, lors notamment de fêtes organisées au moment des vendanges.
La production de toutes ces cuvées est le plus souvent proposée à la dégustation, vendus aux habitants, offerts aux bénévoles ou vendue lors d’évènements au profit d’associations.
Au final, peu de domaines franciliens commercialisent leur production. D’une part parce que la réglementation européenne n’autorisait pas l’attribution de droits de plantation, ce qui a désormais changé, et d’autre part, parce qu’il faut du temps pour que le vignoble, tel le Phoenix, renaisse de ces cendres. Toutefois, aujourd’hui, Il y en a comme le Domaine du bois brillant à Guerard en Seine et Marne, le Domaine des coteaux du Montguichet à Chelles également en Seine et Marne, le Domaine de la bouche du roi prés de Versailles, le Clos Ferout à Heaulme ou encore le Clos du pas saint maurice à Suresnes dans les Hauts de Seine.
On y fait du vin dans les 3 couleurs, ce sont des vins faciles pour la grande majorité qui peuvent parfois avoir des problémes de maturité avec des notes végétales pas forcément agréables, donc ne vous attendez pas à de grandes cuvées de Pinot Noir ou de Chardonnay même si attention certains obtiennent de bons résultats.
Les cuvées commercialisées sont assez chères, entre 20 et 30 euros, ce n’est donc pas forcément un super rapport qualité/prix mais acheter un vin IGP Ile de France va au-delà du simple achat classique. On achète de l’histoire, de la curiosité, de l’originalité et rien que pour ça, ça vaut le coup d’essayer.
On les trouve essentiellement en vente en ligne sur les sites des vignerons ou chez certains cavistes.
Aujourd’hui, le vignoble d’Île de France est en reconstruction et il ne manque pas d’atouts, au premier rang desquels sa prestigieuse situation géographique autour de la Ville Lumière.
Alors avec ce passé glorieux, le rechauffement climatique et la volonté de nombreux acteurs, pourquoi ne serait-il pas possible de recréer un beau vignoble. D’autant, que le prestige de la capitale devrait permettre d’attirer pas mal d’investisseurs dans les années qui viennent, maintenant que le mouvement est enclenché.
Voilà les amis pour les vins d’Ile de France, alors je ne vous dis pas d’en rentrer des caisses dans votre cave mais je pense que l’expérience mérite d’être tentée car il y a des choses tout à fait intéressantes parmi les quelques cuvées dispoinbles. Et en plus, vous ferez votre petit effet auprés de vos convives. Donc gardons un œil sur l’évolution de ce vignoble et buvons les vins franciliens, des vins de copains, avec modération comme toujours.
