Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, aujourd’hui on se retrouve pour de nouvelles aventures qui nous amènent dans le Sud-Ouest et nous allons parler non pas d’une appellation mais de deux appellations : Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh.
Pourquoi aujourd’hui nous parlons de 2 appellations pour le prix d’une ? Tout simplement parce ces appellations se trouvent exactement sur la même aire de production. Elles ont également obtenu en même temps le statut d’AOC en 1948.
Cette zone se trouve à cheval sur 3 départements : le Gers, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes Pyrénées, sur 37 communes, 3 dans le Gers, 28 dans les Pyrénées-Atlantiques et 6 dans les Hautes Pyrénées.
On est donc dans ce que l’on appelle le piémont pyrénéen, à 60 km au nord des Pyrénées et à environ 80/100 km à l’est de l’Océan Atlantique.
Ce sont de petites appellations, Pacherenc, c’est 300 ha et Madiran 1400 ha.
Alors Pacherenc du Vic-Bilh, c’est un nom un peu curieux. Il provient de la contraction d’une expression béarnaise « Pachets en renc » qui signifie : piquets (de vigne) en rang et Vic-Bilh qui signifie vieux pays.
Les appellations s’organisent autour de lignes de crêtes principales orientées Nord/Sud et de coteaux principaux orientés Est/Ouest le tout avec une altitude oscillant entre 180 et 300 mètres en exposition nord-sud.
Au niveau des sols, selon les zones, on a 3 types de sols principaux : argileux sur les pentes, argilo-calcaire sur les pentes plus abruptes et des galets roulés sur le sommet des crêtes.
Le climat est océanique avec des influences continentales. Les hivers sont doux et les étés chauds. La pluviométrie est assez élevée, notamment au printemps et la région bénéficie en général d’une belle arrière-saison avec des journées encore chaudes et des nuits fraîches créant une amplitude thermique idéale pour la maturité des raisins.
Sur l’appellation Madiran, on produit uniquement des vins rouges et sur l’appellation Pacherenc de Vic-Bilh on produit que des vins blancs doux ou secs. Pacherenc de Vic-Bilh est plus connue pour ses vins doux, d’ailleurs quand ce n’est pas précisé, il s’agit de vins doux et si on veut parler de vins secs, on ajoute sec derrière.
Le cépage phare à Madiran, c’est le Tannat, qui représente aujourd’hui près de 70 % de l’encépagement de l’appellation. On le trouve en monocépage ou assemblé selon les domaines avec du Cabernet Franc et du Cabernet Sauvignon. Il doit représenter quoiqu’il en soit au moins 50 % du total.
Un dernier cépage peut être utilisé, plus confidentiel, c’est le Fer Servadou.
Le Tannat donne des vins très colorés, charpentés, avec une belle structure, des vins de garde qui se bonifient et assagissent avec le temps.
Tannat vient de la langue d’oc qui probablement fait référence à sa richesse en tannin.
On est sur des arômes de fruits noirs (cerise, mûre, cassis), des notes épicées également, des notes de torréfaction.
Le Madiran est soumis par décret à un vieillissement obligatoire d’un an avant sa commercialisation pour un peu l’amadouer. Il s’agit d’ailleurs d’un des rares vins français soumis par décret à un vieillissement obligatoire d’une année avant commercialisation.
Ils se dégustent autour de 16 degrés et vous pouvez les accompagner avec pas mal de choses. Pourquoi pas un confit de canard puisqu’on est dans la région, de la charcuterie, des viandes grillées, du gibier, une daube, un ragoût, ça peut trés bien marcher, un tajine, aux pruneaux par exemple, ça peut être assez sympa. Vous pouvez même tenter l’accord avec un dessert au chocolat noir.
En ce qui concerne le Pacherenc du Vic-Bilh, il est élaboré à partir de Petit ou Gros Manseng et de Petit Courbu. Il est parfois assemblé avec des cépages plus minoritaires comme l’Arrufiac ou le Sauvignon.
Les doux sont issus de vendanges passerillées sur souches, c’est-à-dire qu’on laisse sécher les baies sur le ceps pendant l’arrière-saison afin qu’elles murissent beaucoup plus et qu’elles se concentrent en sucres (on commence à vendanger en novembre).
Il existe un passerillage hors souches, qu’on ne pratique pas ici, qui consiste à faire sécher les baies une fois qu’elles ont été récoltées.
Ce passerillage est facilité par un phénomène météorologique bien particulier. C’est le foehn qu’on retrouve aussi à Jurançon par exemple. C’est quoi le foehn ?
Les masses d’air humides se déchargent de leur eau ici sur le versant espagnol de la montagne, et un vent chaud et sec dévale le versant français, contribuant à faire monter le degré alcoolique du raisin par maturation et concentration.
Tout ça donne donc des vins sucrés et tout l’enjeu pour les vignerons, c’est de contrebalancer ce sucre avec une belle acidité pour pas que les vins soient trop lourds, trop indigestes.
On va être sur des arômes de coing, de poire, de miel, d’épices, de fruits exotiques. Des arômes de fruits secs également.
Je vous conseille de les servir à 8/10 degrés.
Pour accompagner, c’est toujours la même problématique avec les vins sucrés. Personnellement, j’évite à l’apéro, je préfère en fin de repas, on l’avait évoqué aussi avec les vins de Jurançon et de Sauternes.
Les secs sont plus vifs, plus frais. On est sur des notes d’agrumes, de fruits exotiques aussi, de pêche, d’abricot.
Vous pouvez les boire à l’apéro pour aiguiser vos papilles, les accompagner d’un beau poisson, de viandes blanches ou sur des fromages également, il y en a pas mal dans la région.
Je vous conseille de les boire également à 8/10 degrés.
Les appellations regroupent environ 200 vignerons : une cinquantaine d’indépendants et 150 appartenant á 3 coopératives (la Cave de Crouseilles, Plaimont Producteurs et la Cave de Castelnau Rivière Basse).
Parmi les vignerons indépendants qui produisent du Madiran, il y a quelques domaines qui dominent l’appellation : Château Montus et Bouscassé d’Alain Brumont qui est la figure emblématique de l’appellation, château d’Aydie, château de Viella également.
Les Madirans sont tout à fait abordables, ça ne monte pas au-dessus de 30 euros, quant aux blancs c’est pareil, vous en trouvez à moins de 20 euros. Certains cavistes peuvent en avoir, ça dépend des cavistes bien sûr ou sinon bien sûr internet, il y a ce qu’il faut.
Voilà ce qu’il y avait à savoir sur ces 2 petites appellations, vous pouvez vous faire plaisir pour un budget raisonnable et ça c’est toujours bien. Quand á nous, on se retrouve la prochaine fois pour un vingtième numéro, eh oui on progresse petit á petit, qui nous emmènera du côté de l’Italie, En attendant, buvez du bon et avec modération.