Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, très heureux de vous retrouver pour ce nouvel épisode qui va nous conduire dans le Beaujolais à la découverte de l’un de ses 10 crus, celui qu’on appelle le Seigneur du Beaujolais, et ce cru c’est Moulin à vent.
En effet, il y a 3 niveaux d’appellations dans le Beaujolais : Beaujolais, Beaujolais-Villages et 10 crus dont vous avez certainement entendu parler comme Moulin à Vent, Brouilly, Chiroubles, Juliénas, etc, ce qui fait 12 appellations au total dans le vignoble du Beaujolais.
Géographiquement, on se trouve sur la bordure orientale du Massif Central, à une altitude comprise entre 190 mètres et 420 mètres grosso modo et à cheval sur 2 communes, 2 départements et 2 régions, Romanèche-Thorins en Saône et Loire et Chenas dans le Rhône. Attention, Chenas étant par ailleurs un autre des 10 crus du Beaujolais, du coup le plus petit cru du beaujolais après s’être, disons, fait amputer une partie de son territoire par Moulin à Vent.
Bref, ne cherchez pas sur la carte le village de Moulin à Vent, il n’existe pas, le nom de l’appellation vient d’un vieux moulin du XVIème siècle qui trône sur une colline de Romanèche-Thorins, utilisé jusqu’au 18ème siècle pour moudre le grain et classé aujourd’hui monument historique.
A ce propos, ce vignoble ne s’est pas toujours appelé Moulin à Vent puisqu’avant, les vins étaient plutôt commercialisés sous l’appellation «vins de Thorins», d’après le nom d’un des lieux dit de l’appellation. Mais en 1924, il y a 100 ans quasiment jour pour jour, l’appellation Moulin-à-Vent fut créée, ce fut donc le 1er cru du Beaujolais, et elle deviendra officiellement une AOC en 1936 au moment où les premières AOC furent créées en France.
Moulin à Vent est peut-être le cru le plus prestigieux du Beaujolais, en tous cas celui dont la réputation est la mieux établie en France comme à l’étranger. Et pour cause, c’est peut-être celui qui en vieillissant se rapproche le plus de ses voisins bourguignons. On dit même parfois qu’il pinote. Parce que vous l’aurez compris, ce sont des vins qui peuvent se boire jeunes mais qui pour certains ont un bon potentiel de garde qui peut aller au-delà de la dizaine d’années.
Sa particularité semble notamment provenir de ses sols, bien sûr variés puisque 71 lieux dits sont cadastrés, un peu à la bourguignonne également, mais majoritairement pauvres et bien drainants. Ce sont des sols majoritairement d’arènes sableuses friables, de couleur rose, issus de l’altération du sous-sol granitique, riche en manganèse.
Sachez en effet que le plus important gisement français de manganèse a été découvert, vers 1750, justement à Romanèche-Thorins. La « romanéchite », comme on l’appelait alors, une roche noire particulièrement lourde y a été exploitée du XVIIIème siècle au XIXème siècle.
Les vins de Moulin à Vent sont uniquement des vins rouges élaborés à partir d’un cépage unique, le Gamay noir à jus blanc, mais d’autres cépages sont autorisés comme cépages accessoires dans des proportions limitées : l’aligoté, le chardonnay, le gamay de Bouze, le gamay de Chaudenay et le melon.
Les vignes poussent sur 640 hectares, en pente douce, et bénéficient d’un ensoleillement favorable avec une exposition majoritairement sud-est. Le tout sous des vents puissants et réguliers évidemment, d’où la présence du moulin, qui contribuent à la bonne tenue sanitaire du vignoble et à la concentration des baies puisque l’évapo-transpiration des plantes leur créée un stress hydrique.
Donc il en résulte des vins généralement élégants, mais surtout avec une belle structure, de la puissance, une belle complexité aromatique, sur les fruits rouges, avec des notes d’épices et de fleurs. Tout ça évoluant avec le temps bien sûr vers des notes plus animales, de venaison ou encore des notes truffées.
Ils sont parfaits avec les viandes rouges vous vous en doutez, qu’elles soient grillées ou préparées, comme le bœuf Bourguignon, avec le gibier mais ils s’accordent aussi sans souci avec des viandes blanches comme un beau poulet de la Bresse voisine.
Aujourd’hui, ce sont plus de 250 vignerons et domaines qui travaillent sur l’appellation comme le Château des Jacques, le Domaine Janin, le Domaine Labruyère, le Château du moulin à Vent, le Domaine des Nugues, etc…
Sachez que si vous voulez découvrir les vins de Moulin à Vent et bien d’autres d’ailleurs, vous pouvez toujours vous rendre à Romanèche-Thorins le dernier WE d’octobre où se tient la « fête Benoît Raclet« , à l’occasion de l’exposition-marché des vins du Mâconnais et du Beaujolais. Alors pourquoi cèlèbre t-on Benoit Raclet ? Tout simplement parce qu’il découvrit le remède pour se débarrasser du « ver coquin », c’est à dire la pyrale, un insecte qui dévasta les vignes dans la première moitié du xixe siècle.
Sinon, vous pouvez toujours vous rendre chez votre caviste, en principe ce sont des vins que l’on trouve assez facilement, autour de 15-20 euros pour quelque chose d’intéressant.
Voilà vous savez tout ou presque sur Moulin à Vent, rassurez-vous nous aurons l’occasion de revenir sur les 9 autres crus du Beaujolais. En attendant, vous avez largement de quoi faire pour vous faire plaisir, avec modération évidemment et pourquoi rentrer quelques bouteilles en cave et les laisser tranquillement vieillir quelques années. Car c’est aussi ça la magie du vin.