Saint-Estèphe, la puissance médocaine

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Saint-Estèphe, la puissance médocaine

Salut à tous les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espére que vous allez bien et aujourd’hui nous repartons du côté de Bordeaux pour continuer d’explorer la presqu’île médocaine et ses 6 appellations communales que sont Moulis, Listrac, Margaux, Saint-Julien, Pauillac, et Saint-Estéphe. Et c’est à cette dernière, la plus septentrionale de toutes, que nous allons nous intéresser. Alors c’est parti, direction St Estèphe.

Tout au Nord de la presqu’île médocaine, à un peu plus d’une heure de route de Bordeaux, s’étend donc sur 1200 hectares le vignoble stéphanois. Il se situe juste après celui de Pauillac et d’ailleurs juste un mini cours d’eau, qu’on appelle localement un estey, de son petit nom, la jalle du Breuil sépare les deux prestigieuses appellations. D’un côté, vous avez Lafite Rotschild qui fait face de l’autre à Cos Labory et Cos d’Estournel. Juste 100 mètres d’écart entre eux. Comme quoi des fois, ça ne tient pas à grand-chose…

Alors juste une petite parenthèse sur le mot Cos parce que ce n’est pas très courant, c’est un mot d’origine gasconne qui signifie « colline de cailloux ».

Parce qu’évidemment le terroir de St Estèphe est fait de sols graveleux qui favorise une bonne réverbération du soleil sur les grappes, un bon enracinement profond et un excellent drainage, tout ça sur une base calcaire qui joue le rôle de tampon hydrique. Toutefois la particularité de l’appellation, c’est la présence d’une proportion d’argile plus importante que chez ses voisines. Ce qui au passage lui donne un petit avantage dans les millésimes chauds et secs.

Du coup, les St Estèphe ont la réputation d’être plus costauds, plus virils que les autres vins médocains, des vins puissants, concentrés et taillés pour la garde.

Saint-Estèphe n’héberge que cinq crus classés en 1855, moins que Pauillac par exemple qui se trouve à côté, mais 3 d’entre eux ont marqué véritablement son histoire. Ce sont Calon-Ségur, Cos d’Estournel et Montrose, les deux autres étant Lafon-Rochet et Cos Labory. Aujourd’hui Cos d’Estournel et Château Montrose sont 2e grand cru classé, Calon-Ségur, 3e grand cru classé, Lafon-Rochet, 4e grand cru classé et Cos Labory, 5e grand cru classé.

L’appellation est aussi connue pour ces 15 crus Bourgeois dont 3 dits exceptionnels, château le Bosq, château le Crock et Lilian Ladouys. Et ça me donne l’occasion de vous dire un petit mot sur ces crus bourgeois, une spécificité bien bordelaise.

Les Crus Bourgeois sont une famille de châteaux engagés dans une promesse de qualité et de viticulture raisonnable née d’une coutume qui au XIXe siècle distinguait, au sein des vins du Médoc, les « crus bourgeois », les « crus artisans » et les « crus paysans » selon le statut social du propriétaire du vignoble. Et ce sont surtout des vins qui malheureusement pour eux n’ont pas accédé au fameux classement de 1855.

Donc en 1932, des producteurs et négociants ont proposé, sous la houlette de la chambre de commerce de Bordeaux et de la chambre d‘agriculture de la Gironde, d’officialiser cette mention « cru bourgeois ».

En 1962 naît le Syndicat des Crus Bourgeois du Médoc et, en 1979, la réglementation communautaire reconnait la mention traditionnelle « Cru Bourgeois » mais sous réserve que son utilisation soit encadrée par l’Etat français. Il faudra attendre 2003 pour qu’un arrêté ministériel homologue le premier classement officiel des Crus Bourgeois du Médoc consacrant 247 châteaux appartenant aux 8 appellations médocaines, répartis en 151 « Crus Bourgeois », 87 « Crus Bourgeois Supérieurs » et 9 « Crus Bourgeois Exceptionnels ».

Mais en 2007, la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux prononce l’annulation de l’arrêté de 2003 suite à de nombreuses contestations. Le syndicat des crus bourgeois revoit sa copie et en 2010, il achève la mise en œuvre d’une nouvelle démarche de qualité et publie sa première Sélection Officielle concernant le millésime 2008.

La Sélection Officielle des Crus Bourgeois du Médoc est alors publiée chaque année en septembre.

En 2016, les adhérents du syndicat valident le cahier des charges du futur Classement qui sera publié en 2020 sur le millésime 2018. Le système évolue vers un classement tous les 5 ans et consacre 250 chateaux dont 14 Exceptionnels,  et 15 sur St Estèphe.

Désormais, le prochain classement sera donc publié en 2025.

Mais revenons aux vins.

A Saint-Estèphe, évidemment on retrouve les cépages bordelais classiques, que sont le Cabernet Sauvignon, le Cabernet franc, le Merlot, et dans une moindre mesure le Carménère, le Côt, c’est l’autre nom du Malbec, et le Petit verdot.

Traditionnellement les assemblages sont largement dominés par le Cabernet sauvignon et le Merlot mais chaque domaine possède bien sûr sa propre recette, avec notamment une proportion de merlot plus ou moins importante selon le style de vin souhaité.

Au niveau des arômes, rien de très surprenant à Bordeaux. On est sur des notes de fruits noirs (cassis, mûre), de violette, de moka, de vanille, d’épices, de réglisse aussi. Des vins qui le font bien avec des viandes rouges, un agneau de Pauillac dont on a parlé il y a pas si longtemps, du gibier, pas de problème pour les St Estèphe pour soutenir l’accord.

Il y a une cinquantaine de propriétés sur le territoire de St Estèphe, qui se cantonne à la ville éponyme, dont des grands crus, des crus bourgeois comme on l’a dit mais aussi une trentaine de « Hors Classés », comme Haut Marbuzet que personnellement j’aime bien.

Les crus classés sont assez chers, vous pouvez cependant les acqurérir en Foire aux vins ou en primeur ou vous rabattre sur les Seconds vins, mais les bons crus bourgeois ou les meilleurs des vins non classés sont une bonne altermative entre 30 et 50 euros, ce qui reste, j’en conviens déjà pas mal.

Voilà, si vous aimez les vins de Bordeaux, nul doute que les vins de St Estèphe font partie de votre liste même si la position de ce village tout au Nord de la presqu’île fait qu’on pourrait avoir tendance à l’oublier. Mais ça reste une valeur sûre du vignoble bordelais, un classique avec des châteaux emblématiques que je vous souhaite de déguster à l’occasion, avec modération biens sûr.

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