Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode.
Aujourd’hui, on va parler d’une appellation que j’aime beaucoup, une valeur sûre dans un repas à la maison ou au restaurant, qui regorge de viticulteurs talentueux et située dans une région, la Vallée du Rhône, où la concurrence est féroce tant il y a d’AOC plus intéressantes les unes que les autres. Et ce vignoble, c’est Saint-Joseph.
Saint-Joseph est donc situé dans la Vallée du Rhône septentrionale, je vous rappelle qu’elle est scindée en deux cette vallée, une partie septentrionale et une partie méridionale, et plus exactement sur la rive droite du fleuve, au niveau du fameux 45ème parallèle.
L’aire de l’appellation s’étend aujourd’hui sur 26 communes des départements de l’Ardèche majoritairement et de la Loire. Il y en avait 6 à la création de l’AOC en 1956 puis 20 autres sont venus s’ajouter en 1969. Tout ça sur une superficie de 1400 hectares plantés environ.
Alors vous pouvez vous demander d’où vient ce nom curieux de Saint-Joseph. Et bien sachez que ce vin était connu autrefois sous le nom de « Vin de Mauves », du nom d’un petit village ardéchois du même nom, berceau de la production, à une dizaine de kilomètres au nord de Valence. Et ce sont les jésuites de Tournon qui, au XVIIe siècle, lui donnèrent son nom actuel, nom provenant semble-t-il d’un coteau situé au sud de la ville et qui leur appartenait.
La particularité du vignoble, ce sont ces coteaux escarpés qui surplombent le Rhône sur un ruban de près de 60 km, entre Cornas et Condrieu et face au versant de l’Hermitage, coteaux sur lesquels les vignes, soutenues par des échalas, sont cultivées en terrasses façonnées par l’homme depuis l’antiquité, des terrasses entourées de petits murets de pierre, que l’on appelle localement des cheys. Cette organisation permet de lutter contre l’érosion des sols, les inondations voire les incendies. Vous vous doutez du coup que le travail des viticulteurs de Saint-Joseph est particulièrement difficile.
Et d’ailleurs, ces versants si abrupts ont failli être abandonnés lors des « Trente Glorieuses » lorsque la main d’œuvre nécessaire à leur entretien se faisait plus rare et préférait travailler dans l’industrie plutôt que dans l’agriculture. Idem dans les années 80 où l’on préférait s’orienter vers des parcelles plus simples à travailler, plus plates, quitte à produire des vins de moindre qualité.
Mais les choses finirent par changer et les viticulteurs de Saint-Joseph réhabilitèrent le vignoble des coteaux historique et restructurèrent le vignoble en collaboration avec l’INAO pour en faire ce vignoble de premier plan que nous connaissons aujourd’hui.
Et la qualité de ce vignoble, c’est tout d’abord son terroir ou plutôt ses terroirs. 60 km de long, vous vous doutez que c’est une appellation très étendue et qui donne des vins différents selon l’endroit où l’on se trouve.
Toutefois, les sols de ces collines qui culminent jusqu’à 350 mètres d’altitude sont essentiellement granitiques, des sols très drainants avec 20 cm de terre voire la roche affleurante par endroit. On trouve cependant quelques enclaves argilo-calcaires sur les hauteurs ou des loess plus profondes en bas de coteaux.
Le climat est tempéré, soumis à une double influence, à la fois continentale et méditerranéenne et à des vents frais venus de la Vallée du Rhône qui permettent de conserver de bonnes conditions sanitaires pour les raisins.
L’appellation est surtout connue pour ses vins rouges élaborés à base de Syrah, le cépage roi de la vallée du Rhône Septentrionale mais 10-15% de vins blancs sont également produits à partir de deux cépages que sont la Roussanne et la Marsanne.
Les rouges sont des mono-cépages, même s’il est autorisé d’ajouter 10% de Roussanne ou de Marsanne et généralement ce sont des vins puissants mais qui restent élégants, aux arômes de fruits noirs comme le cassis, la mûre, avec des notes d’épices, des notes poivrées puis plus animales et de cuir en vieillissant.
En ce qui concerne les blancs, la Marsanne domine, elle représente 70% de la production de raisins blancs et produit des vins aux arômes floraux, d’agrumes et de fruits à chair blanche mais aussi des notes de miel et d’amande parfois. Quant à la Roussanne, elle propose plutôt des arômes qui tendent vers l’abricot, le chèvrefeuille ou l’aubépine.
Ce sont des vins avec un bon potentiel de garde, entre 3 à 10 ans selon les terroirs et les millésimes qui marchent bien avec les viandes rouges pour les rouges, une belle pièce de bœuf, du gibier, de l’agneau et avec des poissons ou des viandes blanches pour les vins blancs.
Les vins de Saint-Joseph sont faciles à trouver, tous les cavistes en ont en général et bien sûr après ça dépend de ce que vous recherchez. Ils sont 190 faiseurs tous confondus, viticulteurs, négoces et coopératives.
Personnellement, j’ai un faible pour les vins des Frères Gonon, le Domaine Stéphane Ogier, Yves Cuilleron, Alain Voge, François Villard, le Domaine Gangloff, le Domaine Jean-Louis Chave et tant d’autres…
Vous l’aurez compris, Saint-Joseph, c’est une AOC incontournable en France, souvent plus accessible que ses voisines Hermitage ou Côte Rôtie et qui offre des vins exceptionnels mais aussi de très bons rapports qualité/prix, assez pour se faire plaisir en famille ou entre amis, avec modération bien sûr.