Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, et pour ce nouveau numéro, nous allons nous intéresser au vignoble de Saint-Pourçain, un vignoble auvergnat, assez méconnu mais pourtant très ancien et qui peut produire ça et là des vins qui méritent un peu d’attention.
Le vignoble est donc situé en Auvergne, à 80 km au nord de Clermont-Ferrand et il s’étend sur une bande d’une quarantaine de kilomètres de long sur environ cinq de large sur la rive gauche de l’Allier, la Sioule et la Bouble. Il fait partie du vignoble du Massif Central mais Il est rattaché d’un point de vue viticole au vignoble de la Vallée de la Loire, ce qui peut paraître surprenant parce que ce n’est pas forcément à côté du gros du vignoble ligérien avec les Saumur, les Vouvray, les Muscadet, les Bourgueil, etc…
Mais il faut savoir que si on prend la Loire dans le bon sens, et bien c’est le 1er vignoble qu’on rencontre puisque l’allier est un affluent de la Loire.
C’est un petit vignoble d’un peu plus de 600 hectares qui couvre 19 communes.
La notoriété du vignoble de Saint-Pourçain est assez ancienne. Il remonterait aux phéniciens mais c’est entre le 13ème et le 18ème siècle, qu’il connaît sa période faste.
Le vin est exporté, il est bu à Paris (notamment grâce à la proximité de l’Allier qui facilite le trajet en bateau), est plébiscité à la cour de France, et la superficie du vignoble est importante. Bref, tout va bien pour St Pourçain.
Au 19ème siècle, les difficultés commencent, avec la concurrence des vins de Bourgogne, de Bordeaux, du midi aussi, avec la construction du chemin de fer qui leur permet de rejoindre également la capitale rapidement.
Arrive ensuite la crise du Phylloxera qui fait beaucoup de mal au vignoble comme à tous les vignobles français d’ailleurs.
En 1951, les vignerons obtiennent l’AOVDQS (qui n’existe plus aujourd’hui) et font les efforts pour améliorer l’encépagement et moderniser les méthodes de culture et de vinification.
A partir des années 1970, les vignerons entament un vaste programme de replantation et de modernisation des chais. Ils se concentrent sur les cépages rouges, notamment le Gamay Noir, abandonnant quasiment les cépages blancs qui étaient pourtant dominants au début du siècle.
Les méthodes de vinification sont revues pour privilégier la qualité également.
Par la suite, on replante les cépages blancs traditionnels comme le Tressallier, un cépage autochtone cultivé uniquement à Saint-Pourçain (on trouve quelques pieds quand même en Bourgogne où il est connu sous le nom de Sacy) ou le Chardonnay.
Puis viendra le tour du Pinot Noir.
Tous ces efforts conduisent à l’obtention de l’AOC St Pourçain en 2009.
A St Pourçain, on est dans un environnement assez diversifié avec de la vigne, des céréales, du bocage et des bois.
Les vignobles sont sur des coteaux argilo-calcaires ou des terres sableuses qui bordent l’allier, la Sioule et la Bouble, exposés Sud-Est pour bénéficier d’un ensoleillement maximum, à une altitude de 250 à 400 mètres. D’ailleurs, il y a un très bon ensoleillement sur l’appellation mais cela reste un terroir frais en raison des vents d’Ouest et de la proximité du Massif Central.
Parce qu’au niveau climatique, on est sur un climat continental (un climat continental classique, c’est chaud l’été et froid l’hiver), mais donc avec quelques influences atlantiques. Donc des précipitations qui peuvent être conséquentes (environ 700mm/an).
Au niveau géologique, les sols sont plutôt variés. On trouve 3 types de sols :
- Les fameux sables du Bourbonnais au Nord-Est ;
- Des terrains granitiques à l’Ouest ;
- Des terrains argilo-calcaires, plutôt au Centre et au Sud de l’appellation.
On aura des vins un plus profonds sur les sols argilo-calcaires et plus légers sur les sols plus sableux.
Quant aux sols granitiques, ils sont bien adaptés au Gamay qu’on retrouve dans l’encépagement à St Pourçain (comme les sols sableux d’ailleurs).
Justement, parlons des cépages, l’AOC encadre la production de vins blancs, rouges et rosés. Mais Saint-Pourçain est surtout une terre de rouges et de rosés à 75%.
Les vins blancs sont issus principalement de Chardonnay, complété par le Tressalier. Ce cépage apporte surtout de la fraîcheur et de la tension, de la vivacité aux assemblages et un petit côté salin. Car il n’y a pas de monocépages prévus par l’AOC, ni en blanc ni en rouge. Alors il peut en avoir mais ils prendront l’appellation IGP Val de Loire s’ils respectent le cahier des charges bien sûr ou sortiront en Vin de France. Cela peut être le cas d’un 100% Tressalier par exemple.
Le chardonnay et le Tressalier doivent représenter au moins 30 % de l’assemblage chacun. Jusqu’à 70% pour le Chardonnay et 60% pour le Tressalier.
Les 2 ensembles au moins 90 %. Le reste pouvant être du Sauvignon, qui est le 3ème cépage cultivé, très minoritaire dans ce vignoble.
En ce qui concerne les vins rouges, on cultive du Gamay et du Pinot Noir. L’assemblage est donc obligatoire. Le Gamay doit représenter au moins 40% de l’ensemble et le Pinot Noir un minimum de 25%.
Enfin, les vins rosés sont plus rares et issus exclusivement du Gamay.
Alors, il n’y a pas de St Pourçain type véritablement. Il y a une grande diversité de sols, de vignerons même si on admet, en ce qui concerne les rouges par exemple, que ce sont des vins plutôt légers, fruités (avec des notes de fruits rouges, de fruits noirs, des notes poivrés). Alors je ne vais pas dire des vins de soif (je n’aime pas trop le terme), même si on en trouve ça et là des vins un peu plus structurés.
En général, ce sont des vins à boire jeunes (certains peuvent se garder un peu plus) et ce sont des vins qui ne sont pas des vins chers. Entre 10 et 20 euros.
Pour les blancs, on aura des notes fruitées également (agrumes, poire, pêche), des notes florales également et minérales.
Un mot pour finir sur la Ficelle dont vous avez peut-être entendu parler ou que vous avez peut-être croisé dans une brasserie.
Qu’est-ce que c’est ?
C’est un vin rouge, jeune, fruité, issu d’un assemblage de Gamay et de Pinot noir, produit par l’Union des Vignerons, la cave coopérative locale. C’est un vin qui sort chaque 1er samedi de décembre, un peu comme le Beaujolais Nouveau en Novembre. Son originalité, c’est son étiquette, illustrée chaque année par un dessinateur ou un caricaturiste.
Alors d’où ça vient ?
La légende raconte qu’au 15ème siècle, un dénommé Gaultier, tavernier à Saint-Pourçain, servait le vin dans des pichets en terre et en étain, donc opaques (la bouteille en verre date du 17ème) qui ne lui permettaient pas d’évaluer avec précision la consommation de ses clients.
Pour mettre fin aux discussions sûrement très animées sur le prix à payer et se faire gruger, il a eu l’idée de plonger un bout de ficelle dans les pichets, en faisant un nœud correspondant aux mesures de l’époque, la demie et la pinte.
Une partie des vignerons est regroupée au sein d’une coopérative, l’Union des Vignerons, qui vinifie 2/3 des vins de Saint-Pourçain, crée en 1952 au moment où la vigne était menacée de disparition.
A côté, on a un peu moins d’une vingtaine de domaines indépendants comme Domaine Laurent, domaine Bellevue, Domaine des Bérioles, de la Croix d’Or, Château Courtinat, Domaine des Terres d’Ocre etc…
Il existe également 2 confréries : L’Ordre des Fins Palais et Les Compagnons de la Ficelle.
Pour les accompagner, les blancs feront merveille avec les fromages auvergnats bien sûr, une pompe aux gratons, les poissons de l’allier mais aussi des fruits de mer avec ces notes iodées qu’apporte le Tressalier.
En rouge, ça va avec tout, de la cochonaille d’Auvergne, une belle côte de bœuf, du petit gibier, vous avez pas mal d’options.
Voilà, j’en ai fini avec cette belle région auvergnate et cette appellation de Saint-Pourçain que j’espère vous avoir fait découvrir ou redécouvrir, avec ses vins gourmands, ces vins de copains qui ont du caractère et qui de plus ont un rapport qualité/prix très intéressant. On arrive à les trouver sans trop de difficultés.
Dans le prochain épisode, je vous emmènerai en Italie et d’ici là, courez acheter une bouteille de Saint-Pourçain, appelez vos copains, un plateau charcuterie/fromage et la vie est belle, avec modération bien sûr.