Yamanashi, le vin au soleil levant

Yamanashi

Yamanashi, le vin au soleil levant

Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, et aujourd’hui je vous propose un épisode qui pourrait vous surprendre, puisque lorsque l’on parle de vins, c’est pas franchement au continent asiatique auquel on pense en premier et encore moins au Japon. Ce Japon, plus connu pour son saké, auquel on a d’ailleurs consacré un podcast, que pour ses vins tranquilles.

Et pourtant, même si le vin japonais reste relativement méconnu dans le monde, le nombre de vignobles au pays du soleil levant s’est fortement accru ces dernières années, pour différentes raisons, aussi bien historiques que pour la qualité des vins que l’on peut aujourd’hui y trouver.

Mais tout d’abord, resituons un peu le Japon. C’est un archipel qui compte officiellement plus de 14000 îles, alors certes pas toutes habitées, dont 5 principales : Hokkaido au Nord, puis en descendant Honshu, la plus grande avec le fameux triangle Tokyo, Kyoto, Osaka, Shikoku, Kyushu et Okinawa beaucoup plus au Sud.

Le territoire est découpé en préfectures, et aujourd’hui, au Japon, il y a 5 préfectures qui ont reçu la reconnaissance officielle d’unités géographiques, sortes d’appellation : Hokkaido d’une part et 4 autres qui se situent toutes sur l’île principale d’Honshu. Ce sont Nagano, Yamagata, Osaka et Yamanashi. Et c’est à cette dernière, crée en 2013, que nous allons nous intéresser car c’est véritablement le berceau de la production de vin au Japon, c’est elle qui abrite le plus grand nombre de vignobles et qui produit environ un tiers de la production totale de vin du pays.

Alors, c’est parti, bienvenue à Yamanashi !

Yamanashi est située à peu prés au centre de l’île, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tokyo. C’est une région montagneuse, entourée notamment des trois plus hautes montagnes du pays, le Mont Fuji, le Mont Kita et le Mont Aino, et célèbre pour ses vergers de pêche, de cerise, de kaki, de pomme, de Yuzu et bien sûr ses vignes.

Et pourtant, faire du vin au Japon, c’est vraiment pas évident, tant les conditions climatiques extrêmes du pays, que ce soit les typhons, la mousson et les fluctuations saisonnières, rendent le pays impropre à la production de vin.

Oui mais voilà, les montagnes environnantes protègent dans une certaine mesure la région de Yamanashi et même si les pluies sont conséquentes, notamment pendant la phase de croissance de la vigne, elle bénéficie malgré tout, d’un fort ensoleillement.

Alors dans cet environnement particulier, les vignerons se sont adaptés pour tirer le meilleur de leur terroir. Une quarantaine de cépages sont cultivés, dont des français comme le chardonnay, le merlot ou encore le sauvignon. Mais la star incontestée c’est un cépage qui s’appelle le Koshu. C’est vraiment un cépage propre à cette région car 90% des Koshu cultivés au Japon se trouvent à Yamanashi. On n’en fait quasiment nul par ailleurs.

Mais que sait-on de ce cépage ?

C’est un cépage qui serait arrivé dans l’archipel nippon en provenance de Chine, en empruntant la route de la Soie, avec des moines bouddhistes venus prêcher la bonne parole. Ou bien grâce à des marchands, bref on ne sait pas trop. Mais ce serait, selon des analyses ADN, un hybride entre une Vitis Vinifera, une vigne indo-européenne comme nous avons en Europe et une vigne sauvage chinoise.

Il prit le nom de la préfecture dans laquelle il poussait, Koshu, avant que cette préfecture soit renommée du nom d’un prince japonais, Yamanashi.

Et si son histoire est très ancienne, l’exploitation vinicole du Koshu, utilisé jusque là comme raisin de table, n’a finalement débuté qu’à l’ère Meiji en 1868, lorsque le Japon, très protectionniste, s’est ouvert aux influences étrangères. C’est vraiment la naissance de la viticulture moderne au Japon. Les premiers véritables vignerons japonais, formés en France d’ailleurs, se sont naturellement intéressés à ce raisin cultivé depuis des siècles dans la région mais malheureusement les résultats ont été longtemps médiocres.

Puis au début des années 2000, les méthodes de culture et de vinification ont été repensées et tout a changé.

Alors le Koshu, c’est une variété à chaire blanche mais à la peau gris-rose qui produit des blancs secs, frais, légers et fruités, assez aromatique, avec une acidité moyenne, que l’on pourrait comparer à un Muscat alsacien, ce genre de vins. Ils sont sur des notes de pêche blanche, de poire, d’agrumes, des arômes floraux également et toujours une pointe minérale qui en font les compagnons idéaux de la cuisine japonaise à base de poisson, cru ou grillé, dont nos amis japonais ont le secret.

C’est un cépage surtout bien adapté au climat de la région avec une peau plus épaisse que celle d’autres cépages, ce qui lui permet de résister à la pression des maladies dues aux pluies importantes et à l’humidité même s’il est parfois aidé par un petite curiosité, une espèce de petit chapeau que les viticulteurs mettent sur les grappes de raisins. C’est un travail de fou mais essentiel tant les intempéries et le taux d’humidité élevé peuvent fragiliser les baies.

De plus, les vignes sont majoritairement conduites en pergola, un peu comme dans les Rias Baixas si vous avez écouté ce podcast, pour les protéger de l’humidité du sol, leur offrir une plus grande exposition au soleil et une bonne aération.

Un autre cépage est relativement présent dans la région, c’est le Muscat Bailey A, un raisin qui produit des vins rouges, un hybride crée en 1920 à partir de Muscat de Hambourg et de Bailey, lui-même mélange entre le Triomphe et deux hybrides américains, « Big Berry » et « Extra ».

Il produit des vins rouges légers et fruités, faibles en tannins et en acidité.

On compte un peu moins de 100 domaines à Yamanashi, dont la plupart se trouvent dans la ville de Koshu. Vous avez quelques noms célèbres comme Château Mercian, Lumiere Winery, Grace Winery, Katsunuma ou encore Mie Ikeno.

La terre étant rare et chère au Japon et les coûts de production élevés, les vins ne sont pas donnés. Donc peu de vins sont exportés, et quand ils le sont, ils sont vraiment considérés comme une niche. Il n’est cependant pas exclu d’en trouver, sur internet par exemple ou peut être dans une épicerie japonaise et nul doute que vous ferez votre petit effet en le servant à vos amis.

Voilà les amis, vous en savez désormais plus sur Yamanashi, vous n’en boirez pas tous les jours, c’est certain, mais vous ne serez pas surpris si d’aventure vous croisez la route d’une bouteille de Koshu voire de Muscat Bailey A. Soyez curieux, faites vous un bel accord mets-vin avec de la cuisine japonaise en finissant pourquoi sur un petit saké bien choisi, avec modération bien sûr. Allez, Kampai…

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