L’Alentejo, le vin au-delà du Tage

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L’Alentejo, le vin au-delà du Tage

Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, et aujourd’hui, après avoir parlé du Porto et du Vinho Verde, nous retournons au Portugal pour cette fois explorer sa partie Sud, puisque nous allons parler de l’Alentejo.

Pourquoi l’Alentejo, parce que c’est un vaste territoire dont la surface couvre 1/3 du pays et qui représente à lui seul 10 à 15% de la production portugaise. Le vignoble se trouve essentiellement au Sud de Lisbonne, le nom Alentejo vient d’ailleurs de sa position géographique qui signifie « au-delà du Tage ». Et il se déploie jusqu’à ce que commence la région de l’Algarve. Ce vignoble est donc encadré par l’Océan Atlantique à l’0uest et la frontière espagnole à l’Est.

L’Alentejo est divisé en 2 provinces, l’Alto Alentejo, dont la capitale est Évora, classée au  Patrimoine Mondial de l’Unesco et le Bajo Alentejo, dont la capitale est Beja.

C’est une région grande comme la Belgique, rurale, avec de grandes étendues agraires, parsemée de petits villages, de bois, de lacs, de rivières, d’oliviers et d’amandiers, de plages aussi sur sa partie Ouest, mais aussi de forêts de chêne-liège. Sachez que plus de la moitié de la production mondiale de liège vient du Portugal, et l’Alentejo en représente une énorme proportion, et sans oublier évidemment plus de 22000 hectares de vignes.

C’est donc une region très variée et plutôt plate même si on y trouve quelques reliefs plus importants comme la Sierra de San Mamede, la Sierra de Ossa, ou encore la Sierra del Mendro.

Le vin de l’Alentejo n’a de succès que depuis les trente dernières années. Pourtant, il est présent dans la région depuis bien longtemps. Les Phéniciens cultivaient déjà le vin dans l’Alentejo puis plus tard les Romains qui ont conquis la région et utilisé avec succès toute l’expérience acquise dans le domaine de la viticulture un peu partout en Europe.

Ensuite l’histoire viticole de la région est plutôt chaotique jusqu’au 20ème siècle. Antonio Salazar fait de l’Alentejo le grenier du Portugal avec pour conséquence l’arrachage de la vigne au profit de la culture des céréales et notamment de grands champs de blé qui permettent d’approvisionner tout le pays. Le vin se cantonne à une consommation locale, élaboré avec des méthodes ancestrales et notamment des amphores d’argile, nous y reviendrons.

Ce n’est qu’au début des années 1980 que l’Alentejo débute sa « révolution » viticole. Le Portugal adhère à l’UE en 1986, des investissements massifs sont réalisés ce qui aboutit à l’obtention de l’appellation en 1988.

L’appellation couvre aujourd’hui 22000 hectares, on l’a dit, et sur un si grand territoire, vous vous en doutez, on trouve une grande diversité de terroirs, de sols et de climats. Alors depuis 1989, l’appellation est donc divisée en 8 sous-régions dont la plupart sont situées au centre de l’Alentejo. Ce sont « Reguengos », « Borba », « Redondo », « Vidigueira », « Evora », « Granja-Amareleja », « Portalegre » et « Moura ».

Et si les raisins ne proviennent pas de la zone délimitée par l’appellation, ils sortent en Vinho Regional, c’est-à-dire en IG Alentejano qui représente 6 500 hectares, la grande majorité en rouge.

De toute façon, l’Alentejo dans son ensemble est une terre de vins rouges avec 70% de la production, le reste en blanc avec un peu de rosés.

Les vins sont produits avec des cépages internationaux mais surtout indigènes, le Portugal étant l’un des pays au monde où il y a le plus de cépages autochtones, Et d’ailleurs, certains vignerons misent sur les cépages anciens pour valoriser l’identité de leur terroir et se démarquer de ce qui se fait ailleurs.

En rouge, on trouve surtout de l’Aragonez, c’est le Tempranillo espagnol, c’est le plus cultivé avec l’Alicante Bouschet et le Trincadeira. Suivent l’Alfrocheiro, le Cabernet Sauvignon, le Touriga Nacional, la Syrah et le Castellan.

Pour les vins blancs, l’Antão Vaz est le plus cultivé avec l’Arinto et le Roupeiro.

Et compte tenu de la superficie de l’appellation, il est bien difficile de dire qu’un vin de l’Alentejo est comme-ci ou comme-ça. Les différences sont nombreuses.

Ça commence par le climat. C’est un mélange d’influences continentales et méditerranéennes avec des printemps et des étés particulièrement chauds et secs et avec peu de précipitations. L’irrigation est d’ailleurs essentielle pour l’agriculture et la viticulture notamment vers l’intérieur des terres. Certains secteurs bénéficient d’un peu plus de fraîcheur notamment les vignobles qui jouissent d’une altitude un peu plus élevée, jusqu’à 700 mètres notamment dans l’Est sur Portalegre, ou qui ont droit à un plus humidité, notamment dans la partie Nord.

Il y a aussi une grande diversité de sols, des sols à prédominance granitique, d’argile et schisteux ou calcaires selon les sous-régions et même selon les zones à l’intérieur de ces sous-régions.

Je ne vais pas entrer dans le détail de chaque sous-région mais ce qu’il faut comprendre c’est que toutes ces caractéristiques climatiques et géologiques sont à l’origine de vins différents même si d’une manière générale les rouges sont des vins puissants, charpentés, tanniques avec une robe profonde, aux arômes de fruits mûrs, rouges ou noirs. Les blancs sont également des vins costauds et qui peuvent avoir des notes de fruits tropicaux.

Bien évidemment, on trouve aussi des vins un peu plus légers et avec plus de finesse dans les zones plus fraîches et plus humides.

Dans l’Alentejo, on produit également ce qu’on appelle le vinho de talha issu d’une méthode de fabrication ancestrale en amphore de terre cuite qui date de l’Antiquité et notamment de l’occupation romaine. Cette méthode est basée sur une macération longue des raisins, 3 à 4 mois, et notamment des pigeages à répétition, c’est-à-dire le fait de casser le chapeau constitué des parties solides et de l’enfoncer dans le fond du récipient pour optimiser la transmission des tannins et de la couleur contenue dans les matières solides. C’est quelque chose de très important dans l’Alentejo et d’ailleurs depuis 2012, le Vinho de Talha possède sa propre appellation.

Il y a beaucoup de producteurs dans l’Alentejo, je peux vous en citer quelques uns comme la Fondation Eugénio de Almeida, Mouchão, Barca Velha, Herdado do Esporão, João Portugal Ramos, Cortes de Cima, Convento de Tomina, Quinta do Carmo, etc…

Il est peu probable que vous trouviez ces vins chez votre caviste du coin mais plus probablement dans une boutique portugaise ou alors sur internet, quelques sites spécialisés en proposent. En termes de prix, il y a de tout mais globalement ça reste une région très accessible.

Près de chez vous, il y a forcément un petit traiteur portugais alors pourquoi pas acheter quelques spécialités dont nos amis portugais ont le secret, un bacalhau à bras, des sardines grillées, de la charcuterie, un cozido, que sais-je, et d’accompagner tout ça avec des vins de l’Alentejo, mais comme toujours avec modération.

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