Lavaux, le vignoble aux trois soleils

Lavaux, le vignoble aux trois soleils

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, c’est parti pour un nouvel épisode, chaque semaine on essaye de découvrir une nouvelle région viticole en France ou dans le monde et aujourd’hui, on ne va pas aller bien loin car nous allons nous intéresser à l’un des 6 vignobles du canton de Vaud en Suisse, c’est celui de Lavaux.

Le vignoble de Lavaux est un vignoble d’exception basé sur un triptyque Vignoble, lac, Alpes époustouflant. Il est surtout célèbre pour ses fameuses terrasses construites pour dompter les pentes abruptes des versants qui plongent dans le lac Léman. Et il n’en fallait pas plus pour obtenir son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007.

Le vignoble se situe sur la partie Est du lac, entre Lausanne et Vevey, sur la route de Montreux. C’est une vraie région de vins, Lausanne faisant même partie des 12 Great Wines Capital dans le monde.

Le Lavaux s’étend sur une trentaine de kilomètres de long et englobe 10 communes. Sur un peu plus de 730 hectares au total, l’AOC Lavaux se divise en 8 zones de production : Lutry, Villette, Epesses, St-Saphorin, Chardonne, Vevey-Montreux, et deux autres qui ont le privilège d’avoir le statut d’AOC Grand Cru, Calamin, un micro territoire de 16 hectares et Dézaley, un peu plus grand avec 54 hectares.

La culture de la vigne débuta ici probablement au temps des romains, mais ce sont les moines, bénédictins et cisterciens, aidés par des vignerons-tâcherons, qui aux alentours du 11ème/12ème siècle, façonnèrent le vignoble au prix d’un travail méticuleux et titanesque. Les pentes sur lesquelles sont posées les vignes sont vertigineuses et il fallut construire petit à petit les 10000 terrasses qui composent le vignoble et les 400/450 kilomètres de murets qui structurent toutes ces petites parcelles, tous montés en maçonnerie traditionnelle à l’aide de chaux hydraulique.

Vous vous imaginez donc les efforts des vignerons pour travailler dans cet environnement exigeant au fil du temps, relayés aujourd’hui par tous ceux qui perpétuent ce savoir-faire et ces traditions. Malgré tout le côté enchanteur du paysage, face au lac et aux Alpes, le travail y est pénible, la mécanisation y est bien sûr quasi-impossible et les méthodes culturales et viticoles n’ont guère changé depuis l’origine.

Et parmi ces méthodes, l’enherbement des vignes, qui permet de participer à la biodiversité du vignoble mais aussi qui permet de mieux retenir ces sols escarpés.

La particularité du vignoble de Lavaux, ce sont, comme on dit en Suisse, ses trois soleils : celui du ciel, favorisé par l’exposition Sud/Sud-Ouest et l’inclination des pentes, celui que reflète le lac Léman, qui est la plus grande masse d’eau douce d’Europe occidentale et qui joue un rôle important de régulateur thermique, et celui dont les murets de pierre, la nuit, restituent la chaleur. A eux trois, ces facteurs apportent des conditions parfaites pour que la vigne se développe et obtenir une très bonne maturité des raisins.

Le raisin, parlons-en. En Lavaux, le Chasselas règne en maître. Ce cépage local y représente à peu près 75% de l’encépagement, pas étonnant puisque c’est le cépage blanc le plus cultivé en Suisse avec ¼ environ du territoire viticole helvétique. Il s’appelle Fendant dans le canton du Valais, Gutedel dans les régions alémaniques et c’est un cépage dont le profil varie selon le terroir sur lequel il est planté. Vous pouvez le trouver fruité, floral, minéral ou légèrement doux, ce qui lui vaut le surnom d’”éponge à terroirs”.

Alors ce n’est pas le cépage le plus glamour de la planète, on le dit plutôt neutre, pas très aromatique et il est surtout consommé en raisin de table. Mais il peut toutefois révéler une belle complexité sur de jolis terroirs lorsqu’il est bien travaillé.

Et d’ailleurs, des terroirs en Lavaux, un nom qui signifie vallée, il y en a beaucoup, au moins 5 ou 6 différents : des argiles, des calcaires, des sables notamment parce que jusqu’à il y a 15000 ans, la région était recouverte par le glacier du Rhône qui modela le territoire et qui en se retirant, laissa tout un tas de débris de roches différentes.

Du coup, sur un sol sablonneux, le Chasselas donne des vins plus légers, sur des sols argileux, des vins plus puissants et des vins plus fins sur des calcaires.

En Lavaux, on cultive cependant d’autres variétés, au moins une cinquentaine sont autorisés, blanches comme le Chardonnay, le Sauvignon, le Chenin, le Pinot blanc, le Pinot gris, le Gewurztraminer mais aussi des cépages rouges comme le Gamay, le Pinot noir, qui représente 10% de l’encépagement, le Merlot, la Syrah mais aussi des cépages plus confidentiels comme le Plant Robert, un cèpage issu du Gamay, le gamaret ou encore le Garanoir.

On estime le nombre de vignerons à 150 environ mais ce ne sont pas des vins faciles à trouver en France parce qu’il y a peu de volumes et parce que les Suisses consomment leur production.

Si jamais vous en trouvez, vous pouvez les boire, pour les blancs à l’apéro, avec des poissons du lac évidemment ou les attendre, notamment les Grands Crus qui ont un bon potentiel de vieillissement.

Les vins du Lavaux ne sont pas des vins bon marché mais les coûts de production, vous vous en doutez, sont très élevés car tout se fait à la main d’une part et d’autre part l’entretien du patrimoine, des murets, des terrasses, représente un coût important et surtout nécessaire pour que subsiste ce vignoble.

Aussi, boire une bouteille de Lavaux, c’est toujours un moment particulier d’autant que chaque bouteille permet de participer dans une certaine mesure à la préservation de ce vignoble et de ce patrimoine exceptionnel. Je vous y encourage fortement si vous en avez l’opportunité, avec modération bien sûr.

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