Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien et que vous soyez sur le chemin du boulot, en voiture, sur un transat et en train de faire du sport, surtout restez avec moi car je vous propose une fois encore un épisode hyper intéressant qui nous conduit en Suisse.
Si on vous parle de la Suisse, à quoi pensez-vous ? Aux montres, au chocolat, à Roger Federer voire aux banques ? Mais quels sont ceux d’entre vous qui auraient spontanément parler de ses vins ?
Somme toute, c’est tout à fait normal car goûter un vin suisse n’est pas si simple.
La première raison, c’est que la Suisse est un petit pays viticole (l’équivalent de l’Alsace). Mais il se trouve que nos amis suisses sont parmi les plus gros consommateurs de vins au monde. Tant est si bien que la production ne couvre pas la demande et le pays doit donc avoir recours aux importations (ils doivent importer 65% de ce qu’ils boivent). La Suisse exporte donc très peu (1/2% de sa production). Et pour boire du vin suisse, le mieux est encore d’aller sur place.
Ensuite, produire du vin en Suisse, c’est compliqué. Beaucoup de vignobles sont cultivés sur des pentes importantes où la mécanisation est exclue. Et c’est exactement ce qui se passe dans la région dont je vais vous parler aujourd’hui, le Valais.
Le Canton du Valais est la région viticole la plus importante de Suisse. Les vignes sont cultivées sur environ 5000 ha, soit 1/3 de la production du pays.
Ici, nous sommes à l’Est de Genève, au cœur des Alpes. Le vignoble couvre une centaine de kilomètres le long du Rhône, qui prend sa source, vous ne le savez peut-être pas, justement au cœur des Alpes suisses.
D’ailleurs son parcours est assez étonnant puisqu’à l’approche de Genève, il vire à 90 degrés, au niveau de la ville de Martigny, pour aller se jeter dans le lac Léman, avant de ressortir et se diriger vers le Sud de la France.
Et c’est entre cette de ville de Martigny et Sierre, plus en amont, qu’on retrouve la grande partie de ce vignoble valaisan.
Ici, les vignobles sont spectaculaires, situées sur les fortes pentes de cette vallée, et donc cultivés sur des terrasses, essentiellement sur la rive droite du fleuve, avec une exposition Sud Est permettant d’optimiser la luminosité et la chaleur.
Autre avantage, les vignes sont protégées par les Alpes et du coup, le Valais est la zone la plus sèche de Suisse. Il pleut assez peu (650 millimètres de pluie par an) et le climat, qu’on qualifie de continental à influence montagnarde est donc particulièrement sec et très ensoleillé.
Et même parfois renforcé par des épisodes automnaux de foehn, que vous commencez à connaître si vous suivez mes podcasts.
Ce microclimat permet aux raisins d’arriver à parfaite maturité et permet également la culture de la vigne à des altitudes élevées, entre 450 et 800m voire plus comme à Visperterminen à 1100m d’altitude, ce qui en fait l’un des vignobles ou le vignoble le plus haut d’Europe.
Le Valais, c’est une mosaique de terroirs. Rendez-vous compte, on dénombre 122000 parcelles et 22.000 viticulteurs sur les 3 régions que compte l’AOC Valais : le Bas Valais, le Valais Central et le Haut Valais, 3 régions à la géologie différente, des granites et des gneiss dans le bas-Valais, du calcaire dans la Valais central et des sols calcaires et plus caillouteux dans le Haut-Valais.
Le Valais étonne par la beauté de ses paysages mais ce n’est pas sa seule particularité. En effet, c’est une des régions qui possèdent en Europe une des plus grandes variétés de cépages. C’est un véritable paradis ampélographique puisque on y cultive une centaine de cépages dont une cinquantaine sont autorisés dans l’AOC.
Vous avez un premier groupe de 4 cépages qui sont les stars du Valais. Ce sont les plus cultivés : le Pinot noir et le Gamay en rouge et le Fondant, le nom local du Chasselas et le Johannisberg, le nom local du Sylvaner en blanc.
Le deuxième groupe, ce sont les cépages indigènes auxquels sont très attachés nos amis suisses et qu’ils savent parfaitement mettre en valeur. Une façon pour eux de montrer leur attachement à leur région et aussi de se démarquer dans le paysage viticole européen. Vous avez le Cormalin, la Petite Arvine, la Rèze, l’Humagne Blanche, l’Humagne Rouge ou l’Amigne par exemple.
La dernière catégorie, ce sont les autres cépages internationaux, la Syrah, le Chardonnay ou la Marsanne par exemple.
Avec tout ça on fait des vins de 3 couleurs mais ce sont les rouges que l’on produit le plus, à hauteur de 60% environ.
Dans ces conditions, vous vous doutez qu’il est bien difficile de décrire un vin du Valais et le mieux est encore d’aller sur place les déguster. D’ailleurs, choisir son vin est peut-être plus facile qu’il n’y paraît puisqu’un peu comme en Alsace, on résonne plus en termes de cépages. Parler d’un vin du Valais n’a pas tellement de sens. C’est pourquoi la plupart du temps, vous aurez le nom du cépage sur l’étiquette de la bouteille. Reste à connaître les caractéristiques du cépage en question, je vous l’accorde.
Avant de refermer ce chapître, je voudrais vous parler de 3 vins que vous pourrez peut-être rencontrer.
C’est tout d’abord la Dôle. C’est un assemblage emblématique du Valais, issu du mariage entre le Pinot Noir et le Gamay.
Ensemble, ils doivent constituer au moins 51 % de l’assemblage avec toutefois une majorité de Pinot Noir. Une bonne vingtaine d’autres cépages rouges peuvent compléter la cuvée.
Il existe aussi la Dôle blanche, la version rosé.
Ensuite, je voudrais vous parler du vin du Glacier, élaboré à partir de Rèze, c’est le nom du cépage ou d’un assemblage avec une majorité de Rèze puis d’autres cépages comme la Marsanne (appelé localement Ermitage), de Pinot gris, d’Arvine ou d’Humagne blanche.
Le vin est élevé dans des fûts de mélèze à l’intérieur des caves du Val d’Anniviers et plus particulièrement à Grimentz à une altitude minimale de 1200 mètres.
Le principe du Vin du Glacier est la méthode de transvasage : les tonneaux ne sont jamais vidés et chaque année du vin nouveau est ajouté à l’ancien. À chaque fois qu’on soutire un certain volume de vin, on le remplace par du vin jeune qui est mélangé avec des vins plus âgés. Un peu comme les soleras en Espagne.
Le « Vin du Glacier » ne s’achète pas. Il se déguste uniquement dans les caves du Val d’Anniviers, tiré directement depuis le tonneau.
Enfin, je ne peux pas ne pas vous parler de la vigne à Farinet qui est la plus petite vigne cadastrée du monde ne compte que 3 ceps pour une superficie de 1,618 m2.
Joseph Samuel Farinet était originaire du Val d’Aoste et était un bandit au grand cœur si on peut dire. Il était faux monnayeur et distribuait une partie de ses pièces de 20 centimes aux plus démunis. Il meurt en 1880 à l’âge de 35 ans à Saillon, une commune du Valais, abattu par les gendarmes.
En 1938, Jean-Louis Barrault incarne Farinet dans un film de Max Haufler qui s’apelle « L’Or dans la montagne ». En 1980 lors du centenaire de la mort de Farinet, l’acteur crée, avec Pascal Thurre (un journaliste), Léo Ferret et Gilbert Bécaud une vigne en sa mémoire, de 3 ceps : un de Fendant, un de Pinot noir et un de Petite Arvine. Pourquoi 1,618 m2 ? Parce que c’est le nombre d’Or.
Depuis, ces 3 ceps produisent quelques décilitres de moût. Ils sont assemblés à un vin offert par l’un ou l’autre propriétaire-encaveur afin de produire 1000 bouteilles de la Cuvée Farinet, vendues au profit d’une œuvre de bienfaisance.
Entre 1994 et 1998, elle a appartenu à l’abbé Pierre, qui la céda au Dalaï Lama en 1999.
Elle est entretenue par des vignerons locaux et chaque année des personnalités viennent, autour d’une cérémonie la travailler.
Chaque année des personnalités du sport, des arts et de la politique viennent cérémonieusement la travailler : on y a vu Zinedine Zidane, David Douillet, Caroline de Monaco, Roger Moore, Michael Schumacher, Hans Erni, Jane Birkin, Gilbert Bécaud, Claudia Cardinale, Mgr Gaillot, Sœur Emmanuelle, Danielle Mitterrand, Barbara Hendricks et tant d’autres, la liste compte près de 200 noms. Des pèlerins venus de tous les horizons y ont déposé des pierres qui proviennent de la muraille de Chine, des Pyramides d’Egypte, du mur de Berlin, mais aussi de tant d’autres lieux moins prestigieux.
Chaque année, une centaine de bouteilles numérotées sont mises à prix lors d’une vente aux enchères.
Voilà, nous en avons fini avec les vins du Valais. Comme je vous l’ai dit, pour en trouver ce n’est pas simple. De plus, ce sont des vins chers. Ben oui, rareté d’un côté, coûts de production élevés de l’autre, plus le fait qu’on soit en Suisse, c’est pas cadeau mais ça reste malgré tout accessible si on souhaite en goûter (et je vous y encourage), car ce petit pays est capable de proposer d’excellents vins blancs et d’excellents vins rouges.
Je vous donne RV pour le prochain épisode, on reviendra en France de nouvelles aventures, d’ici là soyez sage, mais pas que et buvez avec modération.