Pourquoi les asiatiques supportent moins bien l’alcool ?

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Pourquoi les asiatiques supportent moins bien l’alcool ?

Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, et aujourd’hui nous allons un peu sortir du cadre de nos podcasts pour répondre à une question : pourquoi les populations asiatiques supportent moins bien l’alcool que les autres populations ?

La question peut paraître triviale et sans intérêt et pourtant, c’est un vrai sujet de société qui touche énormément de personnes.

Alors je vais vous raconter une anecdote. Un de mes professeurs de fac nous raconta un jour son séjour au Japon où après la signature d’un contrat, il est coutume d’aller boire un coup et de trinquer en crier Kampai!, à ta santé. Sauf que les tournées s’enchaînent…enfin pas pour tout le monde. En effet, alors que votre verre se remplit inlassablement, nos amis japonais boivent beaucoup plus modérément voire à tour de rôle. Et pour une raison très simple. C’est qu’une grande majorité d’entre eux ne supporte pas l’alcool.

Et le problème n’est pas individuel, il est ethnique.

Que se passe t-il quand nous absorbons de l’alcool?

Et bien l’alcool passe tout d’abord dans l’œsophage et se retrouve dans l’estomac.

20 % de cet alcool traverse la paroi de l’estomac pour se retrouver directement dans le sang et le reste passe dans l’intestin grêle où il finit par traverser ses parois pour se retrouver également dans le sang.

Au total, 90% de l’alcool ingéré passe dans le sang, les 10% restant sont éliminés tel quel, sous une forme inchangée, sans tranformation, par l’urine et la sueur, mais aussi par l’air expiré, puisque le sang va mener l’alcool vers nos organes comme nous allons le voir et notamment les poumons. C’est d’ailleurs comme ça que les alcootests détectent si vous avez bu ou non.

L’alcool est donc transporté vers les organes : le cœur, le cerveau, les poumons, les reins et surtout le foie qui est chargé de le métaboliser et de s’en débarasser car notre corps ne peut pas stocker l’alcool.

Et ce grand nettoyage, le foie ne peut le faire que grâce à deux enzymes. La première c’est l’ADH (l’alcool-déshydrogénase) qui transforme l’éthanol, c’est-à-dire les molécules d’alcool, en acétaldéhyde, une substance qui a des effets très toxiques sur l’ensemble de l’organisme, en raison de la vasodilatation qu’elle provoque.

Heureusement, cette première transformation engendre, dans un deuxième temps, une deuxième transformation et ce grâce à une autre enzyme, l’acétaldéhyde déshydrogénase (ou ALDH2), qui modifie l’acétaldéhyde, la fameuse substance toxique, en une molécule inactive et inoffensive qui s’appelle l’acétate, ou acide acétique (c’est en terme plus simple le vinaigre) et qui est beaucoup plus facile à éliminer pour le corps.

Donc l’ADH transforme l’éthanol en acétaldéhyde, elle-même transformée en vinaigre par l’ALDH2.

Mais que se passe t’il si la deuxième enzyme est déficiente et ne peut pas faire son boulot? Et bien on se retrouve avec uns substance toxique dans le corps. Et c’est exactement ce qui se passe pour 560 millions de personnes, soit 8 % de la population mondiale et principalement les populations asiatiques, sur leur continent ou ailleurs dans le monde.

Ainsi on estime que dans la population asiatique, 36% des individus sont déficients en ALDH2, environ 40% des Japonais, 30% des Chinois et 25% des Coréens par exemple.

Cette carence conduit donc à une accumulation d’acétaldéhyde dans le corps, qui est donc évacuer beaucoup plus lentement provoquant un ensemble de symptômes, puisque le corps se défend, tels que un rougissement très rapide de la figure, une baisse de tension, une faiblesse musculaire, des troubles digestifs, etc…C’est ce qu’on appelle l’ »asian flush« , ou l’Asian flushing syndrome.

Et plus grave, c’est que cette déficience est liée à un nombre considérable de maladies chez ceux qui consomment des quantités modérées ou importantes d’alcool, comme des cancers ou Alzeihmer par exemple.

La question c’est pourquoi l’ALDH2 ne fonctionne pas chez une partie de la population?

Et bien ce serait la faute à une mutation génétique. Car ce sont nos gènes qui codent pour nos enzymes. Et des variations de ces gènes provoquent des variations de nos enzymes.

L’origine et les causes de cette mutation ne sont pas évidentes. Mais des chercheurs ont font coïncider l’émergence de la culture du riz dans une province de Chine avec l’apparition de cette mutation génétique, il y a 3 000 ans. La conservation du riz consistait à le faire fermenter dans de l’alcool. Le corps humain se serait « adapté » pour se préserver d’une dépendance possible à l’alcool et ses effets néfastes.

Nous connaissons les différences individuelles de tolérance à l’alcool, selon le genre, le poids, l’âge, les habitudes de vie, etc…mais les différences ethniques sont beaucoup moins bien connues. Donc, désormais si vous voyez une personne asiatique s’effondrer après un verre d’alcool, ne soyez pas surpris, la cause est génétique et héréditaire.

Les conséquences sont diverses, elles peuvent être sérieuses mais des recherches sont effectuées sur ce sujet et les cherceurs ont identifié récemment une molécule appelée Alda-1 qui active l’enzyme défectueuse et qui pourrait régler le problème des personnes qui en souffrent. Affaire à suivre donc…

En attendant, même si vos enzymes fonctionnent bien, restez prudents et buvez avec modération.

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