Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que tout va bien pour vous, et aujourd’hui je vous propose de retourner en Côte d’or pour parler du vignoble de Corton.
Tout d’abord, il faut que je vous précise que Corton n’est pas le nom d’un village bourguignon mais d’un vin ou plutôt de plusieurs vins. En effet, ce territoire qui rassemble 3 communes, Aloxe-Corton, la principale, Pernand-Vergelesses et Ladoix-Serrigny, se partagent en 2 Grand Crus, Corton pour les vins rouges, c’est d’ailleurs le seul Grand Cru rouge en dehors de la Côte de Nuits, et Corton Charlemagne pour les vins blancs bien que pour être précis, il y a aussi quelques Corton blancs.
Géographiquement, on se trouve à l’extrémité nord du vignoble de la « Côte de Beaune », au Nord de la ville de Beaune, dans une zone de transition entre la Côte de Nuits et la Côte de Beaune.
Corton et Corton Charlemagne sont des appellations complexes et à vrai dire, on peut un peu s’y perdre entre les différentes expositions, les sols, les cépages, la couleur des vins, les climats, bref ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît mais on va essayer d’y voir plus clair ensemble. D’autant que vous imaginez bien que tout ça contribue à produire une large palette de vins.
Alors, on va y aller pas à pas.
Je vous l’ai dit Corton et Corton-Charlemagne sont deux grands crus de la Côte de Beaune.
Corton produit quasi-exclusivement des vins rouges à base de Pinot Noir mais il existe quelques Cortons blancs à base de Chardonnay et tout ça sur une centaine d’hectares.
Le Chardonnay sert également à produire les Cortons-Charlemagne qui eux ne sont que des vins blancs, sur une superficie d’une cinquantaine d’hectares.
Alors une petite remarque, si le Pinot Noir est le cépage unique en rouge et le Chardonnay en blanc, le cahier des charges du Corton Charlemagne autorise aussi le Pinot Blanc à hauteur de 30%. Toutefois, je ne connais pas la composition de tous les Cortons Charlemagne mais je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de Pinot Blanc.
Les deux grands crus sont produits sur une colline couronnée d’un petit bois de conifère qui culmine à une altitude de 400 et quelques mètres. Les Corton Charlemagne se trouvent sur la partie haute de la colline, à une altitude oscillant entre 280 et 330 mètres et sur des pentes prononcées de 20 à 23 % et les rouges à mi-coteau et en bas de coteau sur des pentes plus douces.
Ce territoire est bien sûr découpé en climats, je ne reviens pas sur la définition des climats dont j’avais déjà parlé dans l’épisode sur le Clos Vougeot, il y a en 25 pour le Corton, alors je ne vais pas tous vous les citer mais vous avez par exemple le Clos du Roi, les Renardes, les Grèves, les Bressandes, les Bressandes qui en passant est le plus grand cru de la Côte de Beaune.
Et 9 pour le Corton-Charlemagne : En Charlemagne, Le Charlemagne, Le Corton, Hautes et Basses Mourottes, Les Languettes, Les Pougets, Les Carrieres et Les Renardes.
Le nom de ces climats, sachez que vous ne pouvez les retrouver que sur les étiquettes des Corton rouge.
La particularité de ces 2 Grand Cru, c’est tout d’abord leur exposition qui est unique en Côte d’Or. En effet, autour de la colline de Corton, vous trouvez des parcelles orientées Est, Sud, Sud-Est et Sud-Ouest alors que la plupart des grands vins de Bourgogne sont orientés plutôt est/sud-est.
Autant vous dire qu’en fonction de l’orientation, la maturité des raisins peut être différente alors qu’il s’agit d’un même Grand Cru.
Les sols sont variés également. Ce sont des sols argilo-calcaires dans l’ensemble, clairs et caillouteux dans la partie haute de la colline consacrée aux blancs et bruns et plus argileux en-dessous où se trouvent les rouges.
La zone bénéficie d’un climat à tendance océanique, avec des influences continentales et méridionales venant de l’axe Rhône-Saône. En gros, il fait chaud l’été, froid l’hiver avec des pluies modérées (environ 750 millimètres par an).
Concernant les vins proprement dit.
Le Corton-Charlemagne a une large palette aromatique. On peut retrouver des notes beurrées, d’agrumes, d’ananas, de tilleul, de fougère, de genévrier, de cannelle, des notes minérales de silex. Ou encore des notes miellées. Tout ça pouvant évoluer avec le temps car c’est un vin qu’il faut attendre, 10, 20 ans, ça peut aller au-delà largement.
Il est parfait avec du foie gras, des crustacés nobles comme le homard ou la langouste, de la volaille, du veau en sauces blanches, des fromages régionaux bien sûr.
Les Corton rouges ont des notes fruitées, de fruits rouges ou noirs, d’épices qui évoluent vers le sous-bois, vers des notes animales, du cuir, ce genre de choses.
Ce sont des vins puissants, structurés, avec beaucoup de corps, on les dit parfois un peu austères mais il faut les attendre également plusieurs années.
Ils se marient très bien avec des viandes de bœuf, du gibier ou des plats en sauce.
Ce n’est pas un mystère, ce sont des vins très chers, en fonction du vin lui-même, du millésime et du domaine, autour de 200/400 euros pour les Charlemagne, un peu moins pour les rouges.
Ils sont produits par une centaine de producteurs, des domaines très célèbres comme Louis Latour ou des producteurs plus confidentiels et on arrive à en trouver assez facilement d’autant qu’on est sur une surface d’exploitation relativement importante pour des Grands Crus.
Alors il y a peut-être des questions qui vous taraudent, notamment : c’est quoi ce nom de Corton et que vient faire Charlemagne là-dedans ?
Aloxe Corton est un petit bijou dans le paysage viticole français. C’est un village discret, loin d’être le plus connu et pourtant sur son territoire, on produit comme vous le savez maintenant des Grand Crus rouges et blancs sur une surface très importante.
Alors certes, elle est un peu aidée par Pernand Vergelesses et Ladoix Serrigny mais ce qui se fait de mieux reste sur la commune d’Aloxe Corton.
D’ailleurs, les habitants du village à la base n’étaient pas super chauds à l’idée d’étendre les appellations Grand Cru aux deux communes voisines mais après des disputes, des querelles et des procès, on arriva au résultat que l’on connaît aujourd’hui.
A la base, le village s’appelait juste Aloxe mais il y avait cette prestigieuse colline de Corton et les villageois comprirent vite tout l’intérêt qu’il y avait à adosser le nom d’Aloxe à celui de Corton, pour donner Aloxe-Corton.
Pourquoi Corton ? parce qu’il semble que l’empereur Othon y possédait des terres et Corton vient de « Curtis Othonis », qui signifie « le Domaine d’Othon ».
Quant à Charlemagne, on pense qu’il y possédait des terres vers la fin du 8ème siècle, soit qu’il avait probablement héritées de son grand-père Charles Martel et de son père Pépin le bref.
Enfin, vous vous demandez pourquoi le Corton est un vin rouge et le Charlemagne un vin blanc et pas l’inverse par exemple ? Deux légendes nous donnent une réponse.
Charlemagne aurait noué des contacts avec un roi qui régnait sur un puissant royaume saxon et qui préférait le vin blanc, à tel point que ce roi voulait échanger du vin blanc contre de la laine. Et c’est dans ce but commercial que les parcelles situées au sommet de la colline de Corton auraient été replantées en blanc.
Mais moi je préfère la seconde explication. Charlemagne était un bon vivant mais quand il buvait du vin rouge, il s’en mettait plein sa longue barbe. Ainsi, pour éviter les tâches disgracieuses sur la barbe du souverain, on replanta la vigne en blanc. Bon, le problème, c’est que malgré la légende de la barbe fleurie de Charlemagne, les historiens semblent penser qu’il n’avait pas de barbe. Et que c’était semblait-il juste une représentation artistique pour souligner sa virilité, ce qui visiblement se faisait à l’époque.
Bref, de toute façon, pas besoin de refaire toute l’histoire pour apprécier les Corton ou les Corton Charlemagne que je vous souhaite de déguster une ou même plusieurs dans votre vie.
En attendant ces moments privilégiés, un excellent repli est l’appellation Aloxe-Corton qui nous offre des vins issus de parcelles proches des grands crus à des prix beaucoup plus raisonnables. Donc vous pouvez jeter votre dévolu sur Aloxe Corton, avec modération comme toujours.
