Côte-Rôtie, viticulture héroïque

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Côte-Rôtie, viticulture héroïque

Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud et aujourd’hui, je vais vous parler d’un vignoble que j’adore, ils font partie de mes vins préférés, ce sont les Côte- Rôtie.

Côte- Rôtie, je pense que ça parle à la plupart d’entre vous. C’est bien sûr dans la Vallée du Rhône septentrionale, puisque je vous le rappelle la Vallée du Rhône se scinde en 2 parties : la partie septentrionale avec des vignobles comme Saint-Joseph, Hermitage ou Côte- Rôtie et la partie méridionale, donc du Sud, avec par exemple le vignoble de Châteauneuf-du-Pape.

C’est une appellation qui date de 1940, donc assez ancienne, qui s’étend sur un peu plus de 300 ha, pas très grande, répartis sur 3 communes : Ampuis et son fameux château sur lequel le vignoble est centré, Saint-Cyr-sur-le-Rhône et Tupin-et-Semons.

On se trouve au Sud de Lyon, à une trentaine de kilomètres environ et plus précisément au Sud de Vienne, alors pas en Autriche vous l’aurez compris, et sur les coteaux de la rive droite du Rhône, sur les derniers contreforts du Massif Central.

Et c’est important de le préciser parce que ces coteaux, c’est un peu la signature du vignoble. D’ailleurs le paysage est assez spectaculaire. Les vignes sont plantées entre 150 et 300 mètres d’altitude mais surtout avec des pentes vertigineuses qui peuvent aller jusqu’à 60%. Les vignes sont donc cultivées en échalas sur des terrasses qu’on appelle des chaillées et les hommes, au fil du temps ont dû bâtir des murs de pierre qu’on appelle des « cheys » pour assurer le maintien des sols.

C’est d’ailleurs de là que vient le nom Côte- Rôtie puisque cette inclinaison si caractéristique permet en quelques sortes aux vignes de rôtir sous le soleil d’été.

En Espagne, pour ce type vignoble, ils ont une expression, ils appellent ça la viticulture héroïque qui vous donne une idée du défi que représente ce vignoble pour les vignerons et les efforts nécessaires pour cultiver des raisins dans ces conditions : la taille, l’entretien des terrasses, le palissage, les vendanges. Puisque vous vous en doutez, la mécanisation est impossible.

Côte-Rôtie est connue pour ses 2 grands secteurs : la Côte Brune au Nord et la Côte Blonde au Sud et ses 75 lieux-dits, un peu à la bourguignonne.

On raconte qu’au 16ème siècle, le Seigneur qui possédait Côte-Rôtie, il s’appelait Maugiron, partagea son domaine entre ses deux filles pour les marier avec une belle dot. L’une était blonde et bien sûr je vous laisse deviner la couleur de cheveux de la deuxième.

La réalité, c’est qu’il s’agit juste d’une histoire de composition et de couleur de sol.

On est sur le bord du massif central qui est granitique. Les sols sont des roches métamorphiques, des schistes et des gneiss. A dominante de micaschiste sur la Côte Brune avec des taux d’oxyde de fer plus important et gneiss sur la Côte Blonde.

Ce sont des roches très fissurées et la plante peut aller chercher l’eau et les minéraux dont elle a besoin en profondeur.

Les coteaux sont orientés Sud ou Sud Est, ils sont à l’abri du vent froid du Nord et exposés au vent chaud du Sud, ce qui va favoriser la maturité des raisins et limiter, en les séchant, les maladies.

Au niveau du climat justement, les hivers sont tempérés, les étés chauds et les précipitations sont régulières. En fait, c’est un climat semi-continental avec des influences méditerranéennes.

Le Côte-Rôtie est un vin rouge produit à partir de Syrah, qui est le cépage phare de la vallée du Rhône septentrionale.

Toutefois, à Côte- Rôtie et seulement à Côte-Rôtie, la Syrah peut être complantée avec un autre cépage, blanc cette fois, qui est le Viognier et ce dans une limite de 20%.

Quand vous buvez des Côte-Rôtie, vous êtes sur des arômes de fruits rouges comme la framboise, la cerise, le cassis, la mûre, d’olive noire parfois, des arômes de violette, des arômes épicés, poivrés caractéristiques de la Syrah. Des notes un peu animales également et des notes florales qu’apporte le Viognier.

Avec l’âge viennent des notes tertiaires, des arômes plus complexes de cuir, de sous-bois, de champignon.

A ce sujet, les vins de Côte-Rôtie ont un bon potentiel de garde qui reste dépendant des conditions dans lesquels ils sont conservés évidemment.

Les vins de Côte-Rôtie sont réputés pour leur élégance et leur finesse. On parle parfois de vins féminins même si personnellement je ne sais pas trop ce que ça veut dire.

En général, sur la Côte Brune, vous trouverez des vins plus costauds, avec des notes plus animales et en Côte Blonde, la part de Viognier étant plus importante, des vins sont plus ronds, plus souples et plus aromatiques.

Alors juste un petit mot sur les arômes du vin puisqu’on a parlé d’arômes tertiaires. Je fais une petite parenthèse. Vous avez 3 types d’arômes dans un vin : les arômes primaires, ceux du cépage et ceux issus de la fermentation alcoolique comme les fruits, les fleurs, les herbes, etc.., les arômes secondaires issus de la vinification post fermentation (ca va donner des notes beurrés, de pain, de biscuit notamment) et les arômes tertiaires dus à l’élevage et au vieillissement (chocolat, café, cuir, fruits confits, le sous-bois, etc..)

Avec quoi on boit des Côte- Rôtie ?

1er point, on les boit à température ambiante, entre 16 et 18°.

On peut les accompagner de viandes rouges bien sûr, une côte de bœuf, du gibier, pourquoi un lièvre à la Royale, faut pas oublier qu’on est dans une région de gastronomie. Alors une petite parenthèse pour ceux qui ne connaissent pas le lièvre à la Royale, allez jeter un coup d’œil à la recette ou plutôt les recettes parce qu’il y a deux écoles et bon courage si vous voulez vous lancer.

Pour les gourmands, pourquoi pas avec un carré de chocolat.

Les Côte-Rôtie, ça marche aussi avec des viandes blanches, de la volaille, avec des champignons pour rappeler ce petit côté sous-bois.

Le poisson, pourquoi pas, avec un rouget par exemple et une petite sauce qui va bien mais honnêtement, personnellement je préfère un accord avec une viande.

Alors ça fait longtemps qu’on boit du Côte Rôtie. Au Moyen Âge, il était bu sur les tables des plus grands monarques européens.

Il était au top quand malheureusement est arrivé le phylloxéra, puis ensuite les guerres.

En 1960, il ne restait qu’une soixantaine d’hectares en production.

Il a fallu attendre les années 70 pour qu’une nouvelle génération de vignerons lance le renouveau de l’appellation.

Aujourd’hui, il y a une centaine de producteurs sur l’appellation. Comme d’habitude, je peux vous citer quelques domaines comme Guigal, incontournable bien sûr, son fameux Château d’Ampuis et son trio Turque/Landonne et Mouline qui sont des vins très recherchés, les frères Cuilleron, Jean-Michel Gerin, François Vilalrd, Georges Vernay, Jean Villa ou encore Louis Chèze, le domaine Jamet etc….

Pour s’en procurer, les cavistes, internet bien sûr, les domaines. En général, il y a ce qu’il faut. En termes de prix, y’a de tout mais ce sont des vins plutôt chers. Vous vous en doutiez je pense car au-delà du prestige de l’appellation, il y a un coût de production assez élevé. Donc faut compter autour de 35/50 euros pour démarrer avec quelque chose de correct. Et après selon les lieux-dits et les domaines, ça s’envole.

Voilà, Côte-Rôtie c’est comme Capri, c’est fini, j’espère que vous avez apprécié ce podcast,

Dans le prochain épisode, je vous emmène en Espagne, je ne vous en dis pas plus, en attendant, n’hésitez à mettre des commentaires sur les réseaux, notamment si vous aussi vous aimez les vins de Côte-Rôtie.

Si vous ne les connaissez, faîtes vous un bon repas avec une bouteille de Côte-Rôtie, profitez-en bien et avec modération évidemment.

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