La Romanée Conti, le mythe absolu

romanée-conti

La Romanée Conti, le mythe absolu

Bonjour les amis, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, j’espère que vous allez bien, je ne sais pas où vous m’écoutez, dans vos toilettes, sous la douche, en allant au boulot, sur votre lieu travail, en famille le soir autour du feu, que sais-je, en tous cas merci de votre fidélité et si ça vous plaît, on va essayer de continuer. Et aujourd’hui je vais vous gâter, je vous propose un épisode exceptionnel pour un vin exceptionnel, unique, mythique, légendaire, les superlatifs ne manquent pas pour ce vin que tout amateur espère pouvoir boire une fois dans sa vie comme une sorte de graal œnologique. Je vous avoue que malheureusement je n’ai jamais eu cette chance ou ce privilège mais pourtant je vais vous en parler, et ce vin, c’est la Romanée Conti.

On se trouve en Bourgogne bien sûr, en Côte d’Or, dans le vignoble de la Côte de Nuits, à mi-chemin en Dijon et Beaune, et plus précisément dans le village de Vosne-Romanée. Et c’est dans ce petit village, béni des Dieux viticoles que se trouvent 6 Grands Crus, des vins qui font partie des bouteilles les plus recherchées au monde : Romanée Saint-Vivant, La Romanée, La Tâche, La Grande Rue, Richebourg et bien sûr la star interplanétaire, la Romanée-Conti.

La Romanée Conti est donc un climat classé en Grand Cru, je ne reviens pas sur cette notion de climat que j’avais déjà expliqué dans un épisode précédent, et donc également une appellation à part entière mais qui a la particularité d’être un monopole, c’est-à-dire la propriété d’un seul domaine, un domaine emblématique qui est le Domaine de la Romanée Conti, qu’on appelle aussi le DRC. Alors il ne possède pas que la parcelle de la Romanée Conti même si son nom y fait référence, il possède la Tâche (également en monopole d’ailleurs) et produit du Richebourg, de la Romanée St Vivant, de l’Echezeaux et du Grand Echezeaux et sur la Côte de Beaune du Corton, du Montrachet et depuis 2019 du Corton Charlemagne, soit 9 GC au total, 7 rouges et 2 blancs.

A noter donc sur les 6 Grands Crus de Vosne Romanée, 2 ne sont pas produits par le DRC. Vous avez d’abord la Grande Rue qui est un monopole du domaine Lamarche et la Romanée qui est un monopole du domaine Comte Liger Belair et également officiellement l’AOC la plus petite de France avec 0,84 hectare. Car comme je vous l’ai dit, tous les Grand Cru sont des appellations à eux seuls. Romanée Conti par exemple, mais c’est valable pour les autres, est donc à la fois le nom d’un climat, d’une parcelle et d’une AOC avec son propre cahier des charges.

On ne peut pas évoquer la Romanée Conti sans parler un peu de son histoire, histoire qui remonte vers l’an 900. Le prieuré de Saint-Vivant est fondé dans les « Hautes Côtes de Nuits » et en 1131, Hugues II, duc de Bourgogne, lui cède tous les bois et les terres incultes qu’il possède à Flagey et à Vosne, dont le futur vignoble de la Romanée-Conti, qui faisait partie de ce qu’on appelait le Cloux des Cinq-Journaux qui deviendra plus tard le « Cros des Cloux » (littéralement: le Creux des Clos).

En 1584, ce fameux Cros des Cloux est vendu à un certain Claude Cousin puis va connaître plusieurs propriétaires dont je vous fais grâce pendant les 2 siècles qui suivent.

Cependant en 1651, pour la première fois, apparaît le nom de Romanée et à vrai dire, on ne sait toujours pas d’où ça sort.

Et donc vient l’année 1760, une date importante car le vignoble est racheté par le Prince de Conti, Louis-François Bourbon, cousin et Conseiller de Louis XV, et ce dit-on à un prix très élevé, ce qui accrédité le fait que cette parcelle, déjà à l’époque, avait une réputation suffisamment grande pour attirer l’attention d’un personnage puissant du royaume. D’autant qu’à partir de là, le Prince de Conti réservera l’intégralité de sa production à son usage personnel et celui de ses convives. Impossible, dès lors, d’acheter ce vin. La légende de la Romanée Conti est en marche, sa rareté, de fait également. Il deviendra la Romanée Conti.

Alors, une petite anecdote, du temps du Prince de Conti, la Romanée comportait 20% de Pinot Blanc qui apportait dit-on « finesse et bouquet ». Bien sûr, aujourd’hui la parcelle est à 100% du Pinot Noir.

En 1776, le Prince de Conti meurt et son fils Louis François-Joseph de Bourbon, lui succède. 13 ans plus tard éclate la Révolution Française et ses terres sont confisquées, déclarées bien national et vendu aux enchères en 1794 à Nicolas Defer de la Nouerre puis revendu à Gabriel-Julien Ouvrard en 1819, déjà propriétaire du prestigieux Clos-de-vougeot.

On fait à nouveau un petit bond dans le temps jusqu’en 1869. Jacques-Marie Duvault Blochet, déjà propriétaire de vignes sur Echezeaux et Grand Echezeaux concrétise le rêve de sa vie en rachetant le Domaine de la Romanée-Conti.

De fil en aiguille, au gré des diverses successions, les vignes arrivent dans les mains des arrières-petits-enfants de Jacques-Marie Duvault-Blochet, Jacques Chambon et sa sœur Marie-Dominique Madeleine, qui entre temps avait épousé Edmond Gaudin de Villaine.

En 1942, Jacques Chambon cède ses parts à Henri Leroy, un propriétaire récoltant et négociant en vin à Auxey-Duresses qui les transmet lui-même à ses filles Pauline Roch et Marcelle Bize (dit Lalou). Pauline a trois enfants, Charles, Isabelle et Henry-Frédéric et Lalou une fille qui s’appelle Perrine.

Du côté des Gaudin de Villaine, Edmond meurt en 1950 et son fils Henri lui succède.

En 1974, de nouveaux statuts de la société du DRC établissent un « conseil de surveillance » occupé alors par Henri Leroy et Henri de Villaine, ainsi qu’une « codirection » assumée conjointement par leurs enfants Lalou Bize-Leroy et Aubert de Villaine, probablement les personnages les plus emblématiques du domaine.

Aujourd’hui le domaine est cogéré par le neveu d’Aubert de Villaine, Bertrand de Villaine et Perrine Fenal, la fille de Lalou Bize-Leroy.

Aubert de Villaine est quant à lui au Conseil de Surveillance du Domaine aux côtés d’Isabelle Roch.

Maintenant que les présentations sont faites, voyons ce qui rend ce vin si exceptionnel.

Et bien, ce sont plusieurs facteurs au premier rang desquelles, son fabuleux terroir. La Romanée Conti possède une géologie très particulière. A une altitude de 275m, sur une pente inférieure à 10%, elle repose sur des sols bruns calcaires fortement argileux et riches en fer, qui bénéficie d’un bon drainage. Exposée Est, son orientation garantit aux vignes un ensoleillement optimal.

Ensuite, c’est le talent de ceux qui exploitent le domaine et en particulier cette parcelle, tant au niveau des méthodes culturales, avec un travail en bio depuis 1985 et en biodynamie depuis 2006, respectueux de l’environnement, une exigence, une attention portée à la vigne de tous les instants, qu’au niveau des vinifications qui laissent place à l’expérience et au savoir-faire.

Enfin, c’est la rareté de ce vin, parce que la Romanée Conti, c’est 1,81 hectare et selon les années entre 5 et 6/7000 bouteilles, 4906 en 2019 pour être précis, rareté à laquelle s’ajoute l’attrait grandissant des amateurs étrangers, les américains, les chinois, autant d’aspects qui expliquent le succès phénoménal de la Romanée-Conti.

Alors à quoi ça ressemble de boire de la Romanée Conti ? Comme je vous l’ai dit, je n’en sais rien, je n’en ai jamais bu mais les notes de dégustation indique qu’on est sur des arômes de cerise noire, de violette qui évolueraient vers le pétale de rose avec un bouquet d’une grande finesse et bien sûr d’une très grande élégance.

Et selon les propres mots d’Aubert de Villaine, il faut attendre 20/25 ans pour avoir le vin dans son expression la plus totale.

Alors bien sûr le mythe de la Romanée Conti tient à sa rareté, qui commença à la fin du 18ème siècle avec le Prince lui-même mais aujourd’hui pour s’en procurer il faut avoir la chance d’être allocataire du Domaine et de recevoir la fameuse caisse de 12 ou 13 bouteilles dans laquelle trône une seule bouteille du prestigieux nectar.

Ou alors accepter de la payer à des prix exorbitants à ceux qui les revendent. Sachez que le record fut une Romanée Conti de 1945 vendue en 2018 par Sotheby’s à New York pour la modique somme de 482 000 euros. Il faut dire que 1945 fut le dernier millésime avant l’arrachage des vignes suite au Phylloxéra et leur replantation peu de temps après par le domaine. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a pas eu de production entre 1945 et 1951.

Alors, ce vin vaut-il le prix qu’il coûte ? Est-ce le meilleur vin du monde ? Le débat est ouvert et tous les avis existent. Certains disent que oui, d’autres que non, selon les années, certains lui préfèrent La Tâche, vous l’aurez compris, c’est une question impossible à trancher. Je vous souhaite donc de vous faire votre avis, avec modération et cela est-il nécessaire de le préciser…

Laisser un commentaire