Bonjour à tous, bienvenue sur Pod’Vins, votre podcast 100% Vins, mais pas que, je suis Arnaud, je suis très heureux de vous retrouver car aujourd’hui nous allons commencer á parler d’un vignoble fabuleux, c’est le vignoble italien.
Il y a énormément d’appellations en Italie, on a de quoi faire et nous allons nous intéresser maintenant aux Chianti, parce que c’est peut-être le vin italien le plus connu dans le monde et en tous cas le plus exporté.
La région du Chianti se trouve dans l’Italie Centrale, au cœur de la botte italienne, une zone dominée par une chaîne de montagnes qui s’étend du Nord au Sud et dont vous avez sûrement déjà entendu parler : Ce sont les Apennins.
Et entre les Apennins et la mer méditerranée, à hauteur de Pise, Florence et Sienne, donc á l’Ouest de l’Italie, vous avez bien sûr cette merveilleuse région qu’est la Toscane au cœur de laquelle se trouve la région de Chianti.
Parlons tout d’abord un peu de l’histoire du Chianti pour pouvoir bien comprendre la situation aujourd’hui.
L’histoire du chianti remonterait au 13ème siècle mais la date importante c’est 1716 puisqu’en 1716, le Grand-duc de Toscane Côme III de Médicis définit les limites géographiques des territoires les plus adaptés à la production du Chianti, sur les provinces de Florence, Sienne, Arezzo, Pistoia, Pise et Prato, et ce dans le but de protéger la production viticole des contre-façons. Il créa ainsi la première zone de production viticole délimitée au monde.
Le Chianti provient alors d’une zone historique située autour de 4 communes (Greve in Chianti, Gaiole in Chianti, Radda in Chianti et Castellina in Chianti).
Mais au début du 20e siècle, la réputation du vin de Chianti s’accroît, le territoire d’exploitation devient un peu étroit et la production s’étend petit à petit à l’extérieur de la zone telle qu’elle avait été délimitée en 1716.
Ainsi, pour distinguer les vins provenant de la zone historique des vins provenant des autres zones de production, en 1932, un arrêté autorisa l’ajout de la mention Classico. Il existe donc dorénavant le Chianti normal et le Chianti Classico, qui lui est produit dans le zone historique.
Et si cette distinction a pu être faite, c’est en partie grâce à l’abnégation d’une association créée en 1924, qui finira par s’appeler le Consorzio del Vino Chianti Classico, qui décida entre autre chose d’adopter le gallo nero (coq noir) comme emblème de la future appellation Chianti Classico.
C’est pourquoi les bouteilles de Chianti Classico sont reconnaissables au coq noir qui figure sur l’étiquette ou sur le col de la bouteille.
Alors l’histoire du coq, je vais vous la raconter parce qu’elle est quand même assez savoureuse.
En fait, l’origine du coq noir tient à une légende qui remonte à la rivalité entre Florence et Sienne, qui étaient ennemies et se disputaient le Chianti, et à l’histoire selon laquelle avait été trouvée une solution pour déterminer le tracé de leur frontière.
Il fut convenu de faire sortir deux chevaliers de leurs villes respectives et de fixer la frontière à leur point de rencontre. Le départ devait avoir lieu à l’aube et le signal de départ donné par le chant d’un coq.
Chaque camp devait donc choisir son coq qui donnerait à chaque chevalier le top départ.
Les Siennois choisirent un coq blanc reconnu pour chanter haut et fort le matin, tandis que les Florentins optèrent pour un coq noir qu’ils affamèrent dans l’espoir qu’il crierait plus tôt que celui de leur rival. Le jour J, dès qu’il fut sorti du poulailler, le coq noir se mit à chanter bruyamment, il était un peu énervé, alors que l’aube était encore loin. Cela permit au chevalier de Florence de partir immédiatement et avec un grand avantage sur le Siennois, qui dut attendre les premières lueurs du jour, et que son coq lui permit de partir.
Et c’est bien sûr Florence qui gagna le plus de terrain, grâce á son coq noir.
Alors Chianti et sa sous-catégorie Chianti Classico ne deviendront des appellations, des DOC (dénomination d’origine contrôlée), qu’en 1967, puis des DOCG en 1984 mais Chianti Classico ne sera reconnue autonome qu’en 1996, c’est-à-dire avec son propre cahier des charges, distinct de celui de la DOCG Chianti.
Donc pour que ce soit clair, depuis 1996, Chianti et Chianti Classico sont 2 DOCG bien distinctes.
Je vous donne juste une brève explication sur le système d’appellation italien. Au sommet, vous avez les DOC (dénomination d’origine controlée) et au-dessus les DOCG, le G signifiant garantie.
Un vin de DOCG doit satisfaire à des normes plus strictes que les DOC.
La Toscane, vous le savez sûrement, c’est un paysage de magnifiques collines avec une multitude de terroirs et de micro-climats.
En termes d’altitude, on est entre 200 et 700 mètres, on ne peut pas dépasser 700 mètres pour faire partie des appellations, avec une altitude plus élevée pour les Classico, 450/600 mètres, ce qui permet aux raisins de mûrir plus lentement. Et ça c’est toujours intéressant.
Le climat est continental, avec des températures basses en hiver et des étés chauds et secs, où les températures dépassent souvent les 35 degrés.
La pluviométrie annuelle est d’environ 800/900 millimètres, ce qui est pas mal, surtout à la fin de l’automne et au printemps.
Il y a également une grande variété de sols, notamment des sols argilo-calcaires, des calcaires marneux, des schistes argileux, des sables, des galets.
Les vins produits dans le Chianti obéissent á un système pyramidal.
Vous avez d’abord les Chianti et il y a différents types de Chianti.
Les Chianti de base, qui sont des vins de consommation courante, á boire jeune, et célèbre pour leur fameuse bouteille, le fiasco toscano, avec sa forme en bulbe et recouvert á l’époque de sala, une mauvaise herbe des marais).
Et ensuite le Chianti Riserva, plus qualitatif.
L’appellation Chianti peut être aussi complétée par la mention « Superiore » et par 7 mentions correspondant à des sous-zones géographiques.
Montespertoli », « Colli Aretini », « Colli Fiorentini », « Colline Pisane », « Montalbano », « Rufina » et « Colli Senesi », ces 2 derniéres étant considérées comme les meilleures.
En ce qui concerne le Chianti Clasico, vous avez le Clasico « Normal », qui doit vieillir au moins 12 mois avant commercialisation, le Riserva, qui doit vieillir au moins 24 mois dont 3 en bouteille et le Gran Selezione, qui doit vieillir 30 mois minimum dont 3 mois en bouteille et être issu de raisins ne provenant que d’un seul domaine.
Le vieillissement se fait dans de larges fûts qu’on appelle des Botti ou dans des barriques de chêne classiques.
A noter qu’en 2022 a été mise en place une segmentation de l’aire du Chianti Classico. Les Italiens les nomment « Unità Geografiche Aggiuntive », ou mentions géographiques complémentaires.
Ces mentions complémentaires (au nombre de 11) sont les suivantes : San Casciano, Greve, Montefioralle, Panzano, Lamole, San Donato in Poggio, Radda, Castellina, Gaiole, Vagliagli et Castelnuovo Berardenga.
Venons-en au vin.
Pour faire du Chianti ou du Chianti Classico, de nombreux cépages, autoctones ou internationaux peuvent être utilisés mais ça reste le royaume du Sangiovese, qui est un cépage rouge et qui doit représenter au moins 70% de l’assemblage pour les Chianti et 80% pour les Classico et même 90% pour les Gran Selezione.
En complément, on trouve des cépages rouges comme le Canaiolo, le Mammolo, le Ciliegiolo, le Colorino mais aussi le Cabernet Franc, le Cabernet Sauvignon, le Merlot, la Syrah.
Les variétés sont autorisées à hauteur de 10% dans les Chianti mais sont interdites pour les Classico.
Pour les Gran Selezione, les cépages internationaux sont également interdits et de toute façon les viticulteurs tendent de plus en plus á leur préférer les cépages locaux.
Le Sangiovese produit des vins á l’acidité élevée, aux tannins puissants. C’est un cépage qui mûrit tardivement donc il a besoin de chaleur et c’est pourquoi il se plaît dans cette région.
Ce sont des vins fruités avec des arômes de cerise, prune, mûre, herbes séchées. Ils vieillissent bien sur des notes de champignons ou de sous-bois.
Vous pouvez les accompagner de viandes rouges, de gibier, un ossobucco pourquoi pas, de pâte à la bolognaise ou de gnocchis all’arrabbiata.
Sachez pour finir qu’il existe aussi un Vino Santo del Chianti et un Vino Santo del Chianti Classico, qui sont des appellations, donc des DOC, de vins fortifiés, donc des vins de desserts. Je ne rentre pas dans le détail mais je vous le dis pour pas que vous vous fassiez piéger.
Il y a plusieurs milliers de producteurs dans le Chianti et des centaines de domaines. Je peux vous en citer quelques-uns parmi les plus connus :
Antinori, Felsina, Castello di Fonterutoli, Montevertine, San Giusto a Rentennano par exemple.
En termes de prix, vu la quantité de vins qu’il y a, vous vous en doutez, il y en a pour toutes les bourses.
Vous pouvez en trouver partout mais le mieux c’est quand même d’aller faire un séjour en Toscane pour profiter de la beauté des paysages, des villes de Sienne, Florence et Pise notamment, et goûter sur place á cette fabuleuse gastronomie toscane.
Voilà, vous pouvez désormais aller dans votre restaurant italien préféré et vous commandez un bon Chianti sans risquer de tomber sur une piquette, parce que désormais vous savez tout et surtout vous savez faire le tri dans le monde un peu compliqué des Chianti.
Vous pouvez aussi vous faire plaisir chez vous, seul ou entre amis avec un bon plat de pâtes en attendant notre prochain épisode qui nous conduira à la montagne. Et tout ça, toujours avec modération bien sûr.